La venue de Michael Charry à l’UdeM n’est pas anodine. Elle coïncide avec la présentation le 31 octobre du concert Les étoiles montantes par l’Orchestre de l’UdeM (OUM), sous la direction des trois étudiants au doctorat en musique interprétation – option direction d’orchestre, Lori Antounian, Nadège Foo Fat et Véronique Lussier.
M. Charry peaufinera avec les étudiants de direction et l’OUM les derniers détails pour le concert. «Lorsque vous assistez à un concert, tout est agréable et a été préparé, commente M. Charry. C’est en répétition que le plus gros du travail se fait, et mon rôle est de leur faire des commentaires pour en retirer le maximum qu’ils peuvent donner. »
Durant la semaine précédant le concert, M. Charry dirige des répétitions avec l’OUM, donne des ateliers de direction et un cours d’étude de la partition aux étudiants. « C’est comme être un professeur, sauf que je suis ici en tant que consultant, indique M. Charry. Il faut quelqu’un qui ait beaucoup d’expérience dans le domaine et qui jette une lumière différente de celle des professeurs sur place. C’est toujours bon d’avoir une deuxième opinion. »
La venue pour la deuxième fois à l’UdeM de M. Charry est en grande partie due au professeur titulaire et responsable du secteur de direction d’orchestre au cycle supérieur, Paolo Bellomia, qui l’a eu comme directeur de recherche pour son propre doctorat. « Il ne faut pas penser que Jean-François Rivest [NDLR le chef d’orchestre de l’OUM] et moi-même sommes les seuls professeurs au monde, pense M. Bellomia. C’est bon pour les étudiants d’ouvrir leurs horizons. Ça leur crée en même temps des contacts et leur donne l’envie d’aller faire des classes de maître ailleurs. »
Un incontournable de la formation musicale
En plus de permettre aux étudiants d’avoir un enseignement différent de leurs professeurs réguliers, toutes les classes de maître se déroulent en public. « La classe de maître est aussi une performance pour l’étudiant, relate l’étudiante à la maîtrise en interprétation – violon Julie Rivest, qui a déjà suivi trois classes de maître dans son cursus. C’est un stress, un petit concert. Le public peut aussi voir comment tu réagis aux directives du maître. »
Les étudiants qui y participent sont sélectionnés au préalable selon le répertoire qu’ils ont de prêt au moment de la classe de maître. Une expérience que Paolo Bellomia juge constructive pour la carrière de ces jeunes musiciens. « Ils sont mis à nu devant un public et reçoivent des commentaires qui, dépendamment des maîtres, peuvent être durs et ne ménagent pas les étudiants, explique-t-il. Pour moi, c’est très positif, car c’est mieux d’être passé par là dans notre vie que de se faire mettre à la porte parce qu’on ne fait un bon travail par la suite. »
Pour M. Charry, la cohérence d’un enseignement régulier est précieuse, tout autant que « l’effet rafraîchissant » des commentaires du maître. « C’est pour ça qu’il y a des classes de maître pour tous les instruments et que c’est généralisé à travers le monde », indique-t-il. Le côté ponctuel d’une classe de maître confère un temps de travail restreint entre le maître et ses étudiants. « Il y a une cuisine technique intérieure plus concrète dans un cours normal avec le suivi régulier d’un professeur, tandis qu’une classe de maître touche à des concepts plus larges », précise Julie.
Les classes de maître auxquelles un musicien a assisté sont importantes pour son curriculum vitae, selon l’étudiant au doctorat en interprétation – piano classique Simon Larivière. « Si dans un CV le musicien a étudié uniquement avec le même professeur, c’est un peu bizarre, commente-t-il. Les gens vont se demander ce que le musicien a fait et se dire qu’il n’est pas ouvert d’esprit. »
Les classes de maître durent généralement le temps d’une soirée, mais, cette fois-ci, les étudiants auront la chance de côtoyer Michael Charry pour une semaine complète.