Volume 23

« Les programmes des futurs enseignants sont très chargés. Or le contexte est fondamental pour comprendre l'évolution d'un concept et sa place dans l'éducation, mais aussi pour lui donner du sens. » - La professeure titulaire au Département de kinésiologie de l'UdeM, Marie-France Daniel Crédit photo : Photonquantique cc Flickr

Un livre à découvrir: Les fondements de l’éducation

Entretien avec le professeur titulaire au Département de didactique de l’UdeM et co-coordonnateur de l’ouvrage, Marc-André Éthier.

QL : Vous évoquez plusieurs pistes de réflexion, est-ce que cet ouvrage pourrait servir de guide pratique pour le ministère de l’Éducation québécois ?

Marc-André Éthier (M-A É) : « Cet ouvrage n’est pas destiné aux politiciens. Toutefois, l’examen des résultats de recherches scientifiques en éducation, telles que celles présentées dans cet ouvrage, ne peut qu’éclairer la prise de décision du ministre. Le philosophe qu’est le ministre pourrait se reconnaître dans les analyses philosophiques qui s’y trouvent. »

QL : À qui s’adresse ce livre ?

M-A É : « Ce livre s’adresse principalement aux étudiantes et étudiants en formation initiale à l’enseignement, ainsi qu’aux enseignantes et enseignants en formation continue, mais cela n’empêche pas des parents qui pourraient s’intéresser aux débats et enjeux abordés par les auteurs du livre de le lire et d’en retirer des apprentissages. »

QL : Quelle importance donneriez-vous à l’école dans l’éducation d’un enfant ?

M-A É : « Les recherches empiriques, particulièrement en sociologie de l’éducation, convergent vers le constat d’un “effet enseignant” d’une durée importante dans le développement et l’apprentissage des élèves, et d’un “effet établissement”, mais de moindre importance. Mais “l’acteur” le plus important dans l’éducation semble être les conditions socioéconomiques et démographiques dans lesquelles l’individu se développe. »

QL : Comment expliquez-vous la baisse de confiance que certains ont envers le système éducatif à l’heure actuelle ?

M-A É : « Cette baisse de confiance n’est pas nouvelle, elle est plutôt cyclique. Il ne s’agit pas d’un cynisme envers la seule institution scolaire, mais envers l’ensemble de nos institutions publiques sous-financées, mal outillées et peu soutenues pour remplir leur mandat social […]. La société québécoise aurait grandement besoin d’une réflexion collective sur les finalités de l’éducation scolaire. »

QL : Est-ce qu’on en demande trop aujourd’hui à l’école ? Est-ce que le fait de travailler de concert entre sociologues, éducateurs et enseignants permet de mieux répondre aux besoins actuels du système éducatif ?

M-A É : « […] L’école peut beaucoup, mais pas seule et certainement pas sans les moyens nécessaires pour accomplir ce qui lui est demandé. Ces moyens incluent les diverses ressources requises pour favoriser le développement et l’apprentissage de tous dans une perspective d’équité, la formation continue des enseignantes et des enseignants, le temps pour la concertation pédagogique, etc. Le travail collectif est essentiel, tout comme l’est l’expertise. […] Par ailleurs, certains auteurs considèrent que l’école ne peut changer le monde et qu’il faut plutôt changer le monde pour celle-ci, que les personnes s’éduquent aussi en agissant sur le monde. »

Collectif sous la direction de David Lefrançois, Stéphanie Demers, Marc-André Éthier, Les fondements de l’éducation, perspectives critiques, Montréal, Éditions MultiMondes, 2015, 488 pages, 39,95 $.

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