À la suite de son récent diagnostic de syndrome d’Asperger, une forme d’autisme que l’on catégorise « de haut niveau », l’humoriste Louis T. s’est présenté à Tout le monde en parle le 2 octobre dernier et a également écrit un article dans la revue Urbania. Le terme « de haut niveau » est utilisé, car ces personnes fonctionnent assez bien dans la vie quotidienne. Toutefois, elles rencontrent des difficultés, principalement sur le plan social. Cela ne veut pas dire que les personnes Asperger ne veulent pas créer de relations, mais qu’elles sont très malhabiles. Elles ont souvent du mal à comprendre les subtilités des relations et ont des loisirs ou intérêts assez circonscrits qui rendent leurs sujets de conversation peu variés. Par exemple, Louis T. explique que, pour lui, rencontrer quelqu’un dans la rue à l’improviste lui cause beaucoup d’anxiété et qu’il ne sait pas vraiment comment agir ou quoi dire dans une telle situation.
L’annonce du diagnostic
On pourrait penser qu’un diagnostic de l’autisme se pose dès l’enfance. Or, contrairement à d’autres formes plus sévères d’autisme, dans le syndrome d’Asperger, les difficultés peuvent s’avérer moins apparentes et même passer quasi inaperçues. Lorsque le diagnostic est tardif, son annonce est en partie bénéfique, puisqu’enfin la maladresse sociale et les efforts surhumains mis pour entretenir des relations sont reconnus et expliqués. D’ailleurs, Louis T. raconte qu’en sortant du bureau du psychiatre, il aurait voulu dire son diagnostic à tout le monde, leur expliquer pourquoi il était ainsi. Si les difficultés ne disparaissent pas, la culpabilité et le sentiment d’être inadéquat peuvent toutefois s’atténuer.
Limites quand on vit avec le syndrome d’Asperger
Bien que le diagnostic puisse être un soulagement, le trouble a toujours ses limitations. Pour les personnes Asperger, les relations ne sont souvent pas très « naturelles », car ils pensent constamment à comment se comporter et sont portés à suranalyser leurs faits et gestes. Cela peut donc devenir un vrai casse-tête et être assez épuisant. Respecter les limites que comporte un tel diagnostic est important, par exemple en trouvant des activités moins sociales, qui peuvent permettre de se ressourcer et d’éviter l’épuisement. L’entourage peut se sentir vexé ou rejeté, mais la majeure partie du temps, leur expliquer le diagnostic leur permet de mieux comprendre et d’accepter les différences.
Transformer un trouble comme celui-là en quelque chose d’utile ou de créatif peut s’avérer très apaisant et aidant. Louis T., lui, s’est servi de l’humour comme véhicule de communication. Le partage de son diagnostic avec le public lui a permis de mieux accepter les difficultés qu’il a vécu et qu’il vit encore. En plus, une telle annonce peut permettre d’aider d’autres personnes Asperger qui n’auraient pas encore osé aller consulter un psychologue ou un médecin pour être diagnostiqués. Parler ouvertement du diagnostic requiert beaucoup de courage, mais permet de se sentir utile, épaulé et surtout de réduire les stigmas liés à la santé mentale.