Culture

Prestes siestes… mais pas pour tous !

Enquête sur le sommeil

La trépidante vie étudiante impliquant café, boissons énergisantes et longues séances devant des écrans fatigue même les meilleurs d’entre nous. En ce début de session, Quartier Libre tient à rappeler que la sieste permet d’accroître la mémoire et les performances. Quand même les professionnels se la permettent, on se dit que les étudiants devraient la faire aussi.

 

«À tout étudiant en privation de sommeil je dis : mieux vaut dormir n’importe quand que pas du tout !1 » conseille Julie Carrier, spécialiste du sommeil et chargée de cours au Département de psychologie de l’UdeM, précisant que «rien ne vaut une bonne nuit de sommeil». Selon elle, la qualité du sommeil nocturne, adapté à l’horloge biologique de l’humain, doit être considérée en priorité. En d’autres mots, il faut se rappeler que l’humain est un être diurne.

« Le grand drame c’est que les gens ne dorment plus, constate Mme Carrier. Sollicités par mille et une activités pressantes, les gens négligent leur sommeil, quand on devrait […] le considérer primordial, au même titre que l’activité physique ou une bonne alimentatio

n. Les jeunes, qui ont un sommeil magnifique, sont ceux qui somnolent le plus!» Selon elle, un grand travail de sensibilisation devrait être fait auprès de la population pour redonner son importance au sommeil.

 

Doper les capacités mentales

Les mérites de la sieste sont attestés par de nombreuses études scientifiques . Selon l  American Association for the Advancement of Science (AAAS), en plus d’avoir des effets réparateurs, la sieste permet d’accroître les capacités neurocognitives. Selon Matthew Walker, professeur de psychologie à l’Université de Berkeley, le sommeil est nécessaire pour vider la mémoire à court terme et ainsi faire de la place à de nouvelles informations.

 

Les chercheurs en psychologie de l’East of England Development Agency ont démontré que les meilleures idées viennent au moment de s’assoupir pour 30 % des individus. En revanche, seulement 10 % des gens affirment être plus imaginatifs pendant leurs heures de travail. L’explication vient du fait que lorsque nous rêvons, le cerveau crée des combinaisons nouvelles, propices à la créativité.

 

La sieste fait ses preuves (et des adeptes)

Le monde des affaires américain s’attelle à redonner à la sieste ses lettres de noblesse. Elle gagne en galon dans certains milieux de travail dynamiques, les patrons (Google, Procter & Gamble, Cisco) constatant l’importance d’accorder des temps de repos aux employés. La sieste apparaît comme un outil permettant de dissiper le stress et d’augmenter la productivité en entreprise.

 

Plusieurs entrepreneurs tentent désormais de séduire par la sieste des compagnies innovatrices avec une gamme de produits et d’ateliers informatifs. La compagnie américaine MetroNaps se définit comme une entreprise de « gestion des risques de la fatigue». Divers colloques, conférences et ateliers sont offerts aux compagnies soucieuses du bien-être de leurs salariés. MetroNaps commercialise aussi depuis quelques années des engins qu’elle nomme «Energy pods», des chaises longues agrémentées d’une demi-sphère qui s’abaisse sur le siège, coupant son et lumière. Ces engins permettent à l’employé de piquer un roupillon rapide sur son lieu de travail, en s’isolant de toute distraction extérieure. Il est réveillé au terme de son somme par vibrations, lumières et subtiles stimulations signalant le retour au boulot. L’appareil coûte environ 12500 $, et est loué par diverses entreprises à travers la planète.

 

Au Québec, la vague de la sieste au bureau n’a pas encore déferlé. Bien que plusieurs entreprises montréalaises, telles qu’Ubisoft Montréal, proposent divers moyens de détente à leurs employés (gym, yoga, etc.), on est loin de considérer la sieste comme un incontournable de la performance au travail. Pour les spécialistes du sommeil, il importe avant tout de dormir la nuit.

Avant tout, carpe noctem2 !
1. Attention. En faisant la sieste,
certaines personnes comme
les insomniaques pourraient
aggraver leur condition.

 

2. «Citation latine inventée: cueille la
nuit sans te soucier du lendemain!»

 

Champion du farniente
L’année dernière en espagne, i l s étaient quelques centaines de curieux à se disputer le titre saugrenu de champion de la sieste, un concours loufoque organisé par l’association nationale des amis de lasieste (ANAS).

 

Un courant aux états-unis, le sommeil « polyphasique », prône l’adoption d’un rythme de sommeil journalier de 2 à 5 heures, en entrecoupant la journée de siestes de 20 minutes. Cette méthode, pratiquée entre autres chez les fêtards nocturnes, compte quelques adhérents chez ceux qui considèrent le sommeil comme une perte de temps. aucune étude scientifique n’est parvenue à la corroborer son efficacité : les effets à court terme s’avèrent plutôt néfastes.

 

la sieste sur commande

Les autorités de la préfecture de Gifu, au japon, demandent ces temps-ci à ses fonctionnaires de retourner chez eux faire la sieste après le dîner, afin d’économiser de l’électricité, devenue plus rare après l ’accident d e Fukushima. Les systèmes de climatisation des bureaux, lorsqu’ils tournent à plein régime en période estivale, sont effectivement très friands d’énergie. (L’actualité, septembre 2011)

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