Culture

Titre Manquant

Assis à la table d’un bar, un petit verre à la main, deux amis un peu lourdauds rêvent de changer de vie. Bar est une pièce écrite par l’auteur italien Spiro Scimone et mise en scène par Luce Pelletier qui relate avec humour les espoirs, les confidences et les tentatives ratées de deux paumés pour améliorer leur sort.

Bien assise au premier rang, j’observe le duo de comédiens que sont Pierre-François Legendre et Marc Beaupré prendre place sur scène. Maquillés comme des clowns (visage poudré de blanc, rouge à lèvres et sourcils soulignés de crayon), les deux artistes s’installent dans ce décor de bar plutôt modeste. Une table et deux chaises, des caisses de bière et de vin composent l’essentiel du décor. On est en Italie.

Nos deux compères, un chômeur qui s’acoquine avec la petite mafia et un barman vivant avec sa mère, rêvent d’une vie meilleure. Petru, le chômeur interprété par Marc Beaupré, aspire à un emploi stable, n’importe quoi pourvu qu’il puisse gagner un peu d’argent et rembourser ses dettes auprès de la mafia. Nino, joué par Pierre-François Legendre, aimerait travailler dans un bar prestigieux où il pourrait préparer des apéritifs, chose qu’il sait si bien faire, et porter les vestes faites sur mesure que lui a données sa mère. Dans un élan d’ambition, les deux amis élaborent même un plan pour gagner l’argent qui leur permettra de devenir les propriétaires du bar où se joue la scène: lors de la partie de cartes qui opposera Petru à son ami mafieux, Nino devra subtilement regarder les cartes de ce dernier en faisant mine de casser des verres.

Les plans de nos deux comparses échouent lamentablement, mais Nino et Petru ne perdent pas espoir. Ils sont comme deux enfants qui rêvent de devenir pompiers ou joueurs de hockey: ils n’ont pas la capacité d’atteindre leurs objectifs, mais ils sont convaincus de pouvoir y arriver. Les dialogues sont simples et répétitifs, à l’image du quotidien des deux personnages. Certains passages sont vraiment comiques, comme lorsque Nino raconte que sa mère porte désormais la petite culotte d’une femme avec qui il a passé la nuit. Ou encore lorsque Petru demande à Nino de juger de la grosseur de son entrejambe, qui paraît plus gros que d’habitude parce qu’il cache des bijoux. Tout le long de la pièce, nos deux protagonistes démontrent une belle complicité malgré leurs différences.

La naïveté et la maladresse des personnages les rendent attachants, pour nous les spectateurs, mais aussi pour les acteurs, lorsqu’on les interroge sur les rôles qu’ils campent. Nino et Petru ne s’apitoient pas sur leur sort même s’ils ne connaissent pas le succès. Dans la salle, on entend quelques rires et des chuchotements qui prédisent ce qui va se passer, signe de la réceptivité du public. Moi, je me contente d’apprécier en silence.

Bar est présenté au Théâtre Prospero jusqu’au 5 février.

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