Titre Manquant

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Par Alexandre Paul Samak
jeudi 9 décembre 2010
Titre Manquant

Black Swan, c’est une théorie. Une fausse idée que l’on se fait du monde. Un cygne est blanc parce que tous les cygnes que l’on a vus sont blancs. Arrive un cygne noir et notre définition du cygne est modifiée, bouleversée.

Nina est danseuse professionnelle. Le directeur de sa troupe souhaite commencer la saison par son adaptation du Lac des cygnes dans laquelle la princesse et sa rivale seront jouées par la même personne. Nina sait être le cygne blanc, la princesse au cœur pure. Elle doit cependant apprendre à devenir le cygne noir pour réussir le rôle. Nina doit se redéfinir.

À bien des égards, nous pouvons rapprocher le développement du personnage à celui du Christ mais pas celui décrit dans les évangiles, plutôt la version de Nikos Kazantzakis. Un Christ qui vit la tentation, sa dernière avant l’illumination. Il est déjà établi que Nina est pure, vierge du péché. Elle peut jouer la princesse. Le film ne nous montre pas une fille qui se lâche pour devenir un être maléfique mais nous enseigne plutôt comment avoir conscience du bien à partir de la connaissance du mal. Nina vit dans une bulle. Sa rencontre avec Lilly, son opposée tentatrice, la fait exploser.

Pour développer le parcours initiatique de son personnage, Darren Aronofsky s’inspire de contes dans lesquels Nina serait tous les protagonistes. Elle sait être Eurydice la pure, le serpent qui mord et Orphée qui plonge aux Enfers pour la récupérer. De Belle au bois dormant, elle s’inflige le sort du sommeil et dans sa paranoïa dresse une forêt de ronces pour se protéger. Elle sera la rivale qui coupera l’herbe sous les pieds de la princesse des cygnes. Il ne faut donc pas voir dans ce film une victoire pessimiste des bas instincts dans le cœur d’une fille mais l’appréhension totale du concept de pureté par la dantesque descente aux Enfers pour retrouver les hauteurs du Paradis.