Titre Manquant

icone Culture
Par Pascaline David
jeudi 2 décembre 2010
Titre Manquant

Beaucoup de soleil et de chaleur en cette fin de d’automne : c’est ce que proposent le Théâtre I.N.K, la Compagnie Dramatique du Québec et le Théâtre De La Bordée avec la coprodution La Robe de Gulnara. Un chef d’oeuvre.

« L’idée de cette pièce ne part pas de moi. », admet Isabelle Hubert, auteure de La Robe de Gulnara, un spectacle créé en 2010, suite à un long parcours de lectures publiques. La pièce se déroule à la frontière de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, et met en scène quelques réfugiés de guerre habitant dans des wagons désaffectés. C’est un article de la revue Marie-Claire, qui portait sur un camp de réfugiés, qui a inspiré l’auteure gaspésienne. « On y voyait entre autres deux jeunes gens en train de se marier. » se rappelle-t-elle.

 La Robe de Gulnara est bel et bien construite autour d’une histoire de mariage, celui de Gulnara (Annie Ranger) et d’Arif (Jean-René Moisan). « Tu t’ennuies d’Arif? », demande la petite Mika (Marilyn Perreault), treize ans, à sa sœur Gulnara. « Pourquoi? » demande Gulnara. « Parce que ton sourire est parti en même que lui. » répond la petite. C’est Mika, jeune idéaliste au regard naïf – elle seule est capable de trouver des fleurs entre les caillous et des fraises entre les rails de chemin de fer -, qui est au centre de la pièce. Lorsque Arif revient de la ville, où il prétendait aller chercher du travail, il demande la main de Gulnara. Celle-ci dépense toutes les économies de sa vie pour se procurer une robe auprès du seul marchand de la frontière. Mika, fascinée par la robe, décide de l’essayer. Un faux-pas la fait s’allonger sur le sol. Elle tache la robe de goudron. À partir de là, Mika devra déployer tous les efforts possibles pour que sa sœur puisse se marier, dans quatre jours, dans une robe présentable.

La situation est accablante, soit. Mais le ton de la pièce, la mise en scène et l’énergie des personnages tant dans le mouvement que dans la parole font de la pièce une expérience cathartique tout à fait enlevante. Musique, danse, émotion, drame et humour, couleurs, objets fascinants et symboliques ; rien ne manque, et la pièce ne présente aucune longueur.

« C’est d’une robe de mariage dont j’ai besoin. Pas d’une robe miraculée! » exprime Mika lorsque la vieille Soviet (Nancy Bernier) propose de lui prêter sa propre robe de mariage ayant survécu au feu, aux bestioles, à l’exil et aux intempéries. À travers la quête de Mika pour l’amnistie sororale, se brosse le portrait d’une communauté sur la corde raide de la vie, profondément humaine et attachante. Une des meilleures pièces de l’année.

La Robe de Gulnara est présentée à l’Espace Go du 30 novembre au 11 décembre.

Avec Nancy Bernier, Catherine Hugues, Marilyn Perreault, Annie Ranger, Jean-René Moisan, Sébastien René, Jack Robitaille et Sasha Samar