De l’importance du français

icone Debats
vendredi 20 janvier 2017
De l'importance du français
Photo: Flick.com/Patrick Marioné
Photo: Flick.com/Patrick Marioné
Dans un contexte plurilingue comme celui du Québec, de plus en plus d’étudiants célèbrent l’anglais, parfois au détriment de leur propre langue. C’est d’ailleurs le cas à HEC où l’anglais est très présent, au grand dam de certains étudiants francophones. La langue de Molière serait-elle en perte de vitesse au profit du multilinguisme ?

Depuis toujours, le Québec s’acharne à maintenir un pôle d’autorité dans les langues et à défendre son apanage : le français. Devant la progression de l’anglais sur le territoire canadien, les Québécois sont nombreux à craindre une déshérence culturelle ; entre appauvrissement de la langue et compétition acharnée contre l’anglais, le français semblerait, selon certains spécialistes, s’effacer peu à peu derrière le rêve américain. Cette conséquence découlerait entre autres des difficultés d’apprentissage de la langue : exceptions grammaticales à la pelle, orthographe tortueuse, le tout campé par un système d’enseignement jugé autoritaire et moins souple que le modèle anglophone – l’éducation à la française, réputée sévère et rigoureuse, a visiblement de quoi rebuter. Autant de freins à l’apprentissage du français qui se retrouve un peu plus chaque année dans les poubelles de l’éducation.

Le français, langue de « seconde main » ?

La cohabitation de plusieurs langues sur un même territoire peut être vue comme une source de richesses. Elle est un atout que beaucoup de pays n’ont pas et représente un attrait de taille en matière de communication. Bien sûr, il n’est pas rare de rencontrer des frictions identitaires et des rapports de force d’une langue à une autre. C’est d’ailleurs le cas de l’anglais qui l’emporte souvent sur le reste du continent. Mais le véritable problème est ailleurs. Le multilinguisme, qui s’inscrit aujourd’hui plus que jamais dans notre ère, peut aussi s’avérer un handicap… et un danger pour la langue française.

Naviguer d’une langue à l’autre, c’est disposer d’un merveilleux bagage intellectuel. Mais pour d’autres – et à l’inverse des croyances –, c’est aussi un cadeau empoisonné. En effet, il est des plurilingues qui, habitués à parler deux ou trois langues (comme le français et l’anglais, par exemple), se retrouvent dans l’incapacité de s’exprimer avec aisance. Pour eux, l’apprentissage simultané de deux langues se fait souvent en surface et appauvrit du même coup leur capacité à communiquer. Ils ne maîtrisent ni tout à fait l’une ni tout à fait l’autre, et jonglent sans arrêt entre les deux à la recherche d’un mot ou pour aboutir à l’expression d’une idée. Sans parler des influences de l’anglais sur notre langue qui bientôt nous laissera, pour seul héritage, un « franglais » difforme et barbare.

Bras de fer bilingue

Malgré les représailles de l’anglais au Canada, le français reste globalement une langue de prestige et se hisse aujourd’hui à la troisième marche du podium des langues les plus parlées dans le monde. Fait d’autant plus ironique qu’il s’agirait de la troisième langue des affaires ! Ainsi la langue française ne serait-elle pas tout à fait vaincue, malgré l’imposante stature de Shakespeare et les perpétuelles mises en garde contre le déclin de la langue. Toutefois, bien qu’elle jouisse encore d’une certaine influence, elle danse toujours sur un fil, notamment au Québec où « l’invasion anglaise » se fait de plus en plus ressentir. Car si le français tient encore bon devant son rival, il n’en demeure pas moins menacé, et risque de finir sur le banc de touche si rien n’est fait pour contrer l’autorité anglophone.

Combattre certains clichés, renforcer les liens culturels et identitaires francophones et décimer les parasites langagiers (anglicismes, dialecte, barbarismes), voilà qui devrait déjà redorer le blason de la langue et relancer la popularité du français auprès des étudiants.