Le mobile met en scène une femme dans la quarantaine (Carole Nadeau, mise en scène et performance) en habit blanc, nus pieds, perchée à un mobile. C’est une comateuse prisonnière de son corps. D’un côté, une table et un verre d’eau, de l’autre, un cerceau couvert de tulle. Derrière, un écran. Côté jardin, on aperçoit un homme et une femme. Ils portent des habits de médecins. Munis d’un rétroprojecteur et d’une caméra, ils projettent et se projettent sur l’écran géant.
Une technique originale, qui ne peut toutefois compenser pour un manque flagrant d’idées. C’est ce qui arrive quand une œuvre prend racine dans la méthode, et non dans le senti.
Il serait facile d’affirmer candidement que Le mobile est une pièce prétentieuse, inutile, figée et maladroitement surjouée. En quittant le théâtre l’Espace Libre, j’ai tout fait pour trouver des mérites au spectacle, le défendant malhabilement face à ma féroce accompagnatrice.
Avant même d’avoir atteint la station Frontenac, j’avais rendu les armes : dès les premiers balbutiements de la femme, qui mangeait son micro plus qu’autre chose, je savais que je n’aimerais pas. Et je n’ai pas aimé.
On martèle toujours la même idée. La femme refuse la mort. La femme est prisonnière de son corps. La femme se remémore l’accident d’auto. La femme est à l’hôpital. Elle justifie l’accident d’auto. Elle se le remémore à nouveau. On nous bombarde de sons, de lumières, de vidéos, d’une bande sonore tirée d’Il était une fois dans l’Ouest. Tout ça pour bien nous faire comprendre qu’elle est prisonnière d’un corps : le sien.
À quoi bon ? On peut lire, dans le dossier de presse, « que L’intégration de la régie à vue sur scène permet une dédramatisation du propos en dévoilant les ficelles de la fabrication de l’image vidéo créée et projetée en direct devant nous. Un procédé qui privilégie une poésie de la simplicité, de la sincérité. »
Pourtant, les dialogues préenregistrés, les clips sonores, les apparitions d’inspecteurs de police et de médecins portant une tête de cheval ou de cochon sont télégraphiés. Le seul moment spontané et émotionnellement fort du spectacle ? Le rire joyeux de ma voisine de siège lors d’un crescendo dramatique interprété par un cheval à l’œil fou dansant à l’excès des pas macabres.
Redondance, et prétention. Je suis peut-être passé à côté de l’essence de la pièce, mais à force de répéter, on n’en peut plus d’avaler, et de déglutir.
Le mobile, du 10 au 20 novembre 2010, Espace Libre, 1945 rue Fullum, Montréal.
Une coproduction de Le Pont Bridge et Les Productions Recto-Verso.