8h00 à l’Usine C. Il fait froid dehors et le brusque changement de température me donne de l’urticaire. Ce n’est que le début. La pièce commence en retard. Scène choquante : les techniciens annoncent que les acteurs sont retenus en Europe : la grève fait rage dans un lointain aéroport.
Si le ridicule ne tue pas, il ne (me) fait pas rire du tout. La troupe amputée de sa tête annonce qu’elle produira tout de même le Songe d’une nuit d’été, du génialissime Shakespeare. Sans décors, sans costumes, sans éclairages et par des techniciens sans formation classique : une véritable honte.
Étrangement, la foule ne semble pas s’irriter et même, prend plaisir à la chose. Elle ne s’étonne pas de voir Démétrius avec un attaché-case, elle rigole en apercevant Égée, père d’Hermia, avec un chapeau de capitaine Haddock, un cigare à la bouche. Cette foule, prise d’une crise soudaine d’ignarité générale, accepte même une Hermia jouée par un homme. En effet, les sept techniciens sont d’origine mâle, bravo pour l’égalité homme-femme, bel exemple pour la jeunesse.
Je ne ferai pas une liste exhaustive de tous les anachronismes venus désacraliser ma pièce préférée, mais en voici quelques-uns : une radio cheap pour faire danser la troupe de comédiens, un plombier et son siphon, un électricien.
Le public québécois est reconnu comme étant trop généreux. Ça explique les éclats de rire généralisés et presque ininterrompus. Ça explique aussi l’ovation que la salle a réservée aux techniciens après cette séance burlesque.
En attendant le songe, d’après William Shakespeare, adaptation et mise en scène d’Irina Brook.
10 novembre, Théâtre La Rubrique, Saguenay.
12 novembre, Festival de théâtre à l’Assomption.