Un jeu inégal, une mise en scène parfois pétante, parfois mollassonne, mais des acteurs qui prenaient plaisir à rendre sur scène les folies d’Eugène Ionesco; cela résume bien Jeux de massacre, présenté jusqu’au 16 novembre au théâtre Denise-Pelletier.
Jeux de massacre, de l’auteur de La cantatrice chauve et Rhinocéros, est écrite en 1970. Nous sommes dans une ville, la Cité. Des gens meurent d’un mal bizarre, qui ravage, qui se répand, implacable. Les multiples personnages sont présentés dans de courts tableaux bigarrés où l’homme est confronté à la mort, et à son prochain.
La première production de la compagnie Bruit Public est une réussite partielle. Le tempo inégal force le spectateur à attendre, à écouter la redite, à s’impatienter même. Des scènes, comme celle de la prison, auraient eu avantage à être plus rapides, physiques.
L’impatience de l’Homme est toutefois récompensée par des acteurs ayant visiblement beaucoup de plaisir à déclamer les bijoux d’Ionesco. « Vos bébés, ils sont tous noirs! », pousse une vieille, hystérique. « Il faut lutter contre la progression géométrique de la mort », hurle le maire de la municipalité affectée. Certaines scènes sont très drôles. D’ailleurs, les acteurs ont dû jouer devant une salle aussi morte que les jumeaux du simplet. Dommage, il semble que mon rire était moins contagieux que le Mal frappant la Cité.