Qui aurait cru qu’une même chanson jouée pendant plus d’une heure pouvait rester captivante du début à la fin? C’est le pari que remportent Olivier Choinière et son équipe de Chante avec moi, qui n’est pas une comédie musicale mais un spectacle alliant chant, danse et jeu d’une manière tout à fait inédite.
Dans la salle, aucun décor; seul un clavier trône à gauche près des coulisses. Le spectacle va commencer. Un « beat » lancinant, interminable, se fait entendre; je parie que les autres spectateurs se demandent comme moi s’il n’y a pas un problème technique. Finalement, un comédien vêtu comme vous et moi s’avance sur la scène et s’approche timidement du piano. Il joue quelques notes, l’air incertain, puis se met à entonner une mélodie. Une femme debout à ma gauche, que j’avais prise pour une spectatrice en retard, entre sur la scène et se joint à lui en entonnant des « lalala ». Peu à peu, les comédiens entrent sur scène et « improvisent » une chanson : « Je chante, oui je chante, pour que tu chantes, avec moi ! » Un comédien entre par la sortie de secours, portant une boîte de pizza qui s’avère contenir un tambourin, et se joint à l’allégresse générale. Des dizaines et des dizaines de chanteurs font graduellement leur entrée sur scène, dansant, chantant et jouant de la musique.
Tout le long du spectacle, c’est la même chanson qui continue. Et pourtant, on ne s’ennuie pas. Les chorégraphies s’enchaînent, les voix s’entremêlent pour former des chœurs harmonieux, les rimes en « ique » s’additionnent jusqu’à épuiser toutes les possibilités du dictionnaire, et… Tricot Machine fait son apparition par la grande porte du fond qui donne sur l’extérieur. Je me permets de vous le dire parce que ce sera un groupe différent chaque soir… Sur scène, c’est le délire, le show atteint son apogée.
Par la suite, quand Tricot Machine et son lot de fans-comédiens quittent la scène, la chanson recommence, mais plus forcée cette fois, moins bon-enfant. Les mêmes paroles, les mêmes comédiens, mais des costumes différents, plus tape-à-l’œil. Plus de sueur, plus de vitesse dans les mouvements et les paroles. On continue de subir l’influence joyeuse de la troupe, même si le charme de la première interprétation est passé. Alors que tout le monde se tourne vers la porte du fond dans l’espoir de voir apparaître Tricot Machine, rien n’arrive. Déception des comédiens. On ne s’amuse plus. Pourtant, la chanson redémarre. Les comédiens deviennent hystériques et finissent par tomber de fatigue à tour de rôle.
Le show terminé, je me mêle à la foule mondaine et j’ai la chance de m’entretenir avec un des comédiens. C’est un spectacle sur l’obéissance, me dit-il. Celle qui nous pousse à nous conformer, volontairement d’abord, puis de force, parce qu’on n’a pas d’autre alternative et qu’on ne sait pas qui blâmer. Quoi qu’il en soit, Chante avec moi est un gros party auquel on prend beaucoup de plaisir à assister.
Chante avec moi est présenté à l’Espace Libre jusqu’au 6 novembre.