« Soul/Nu-Jazz/Hip Hop » : la description du JMC Project sur sa page MySpace a de quoi faire peur, un peu à la manière d’un « gratin huitres-chocolat ». Pourtant, le mélange des genres a du bon pour autant que ça ne devienne pas un joyeux fourre-tout ! Et puisque les émissions culinaires sont à la mode, Quartier Libre est allé vérifier en « live et en vivant » si la recette de la « bonne musique » était bel et bien respectée !
Mardi soir 19 h 30, rue Jean-Talon. Il fait déjà nuit-noire et je n’arrive pas à trouver ce satané Il Motore. J’alpague un chaland puis un second… et ainsi de suite. Une dizaine d’agressions verbales plus tard, je ne suis pas vraiment plus avancé dans ma quête mais j’ai bien dû parcourir la moitié de la rue (sous une pluie battante, évidemment). Au loin j’aperçois quelques types fumant devant ce qui pourrait s’apparenter à une salle de concert. La présence de lunettes à grosses montures attire mon attention : ces mecs pourraient bien être des musiciens… Gagné ! Certains font des allers-retours avec de grosses valises oblongues, d’autres boivent de la bière. Plus je me rapproche plus le son des cuivres en répétitions se fait entendre; tantôt assorti de riffs électriques violemment interrompus, tantôt garni de kicks bien gras. Je me fraye un chemin dans le bâtiment et jette un œil : ça doit être ça. Je visualise rapidement les lieux et pars manger : c’est que j’ai quand même plus de deux heures d’avance.
Une fois l’heure H arrivée, la salle n’est pas bien plus remplie que pendant les répétitions, la seule différence étant que pendant ces dernières il y avait de la musique au moins. L’attente se fait longue, très longue. Je m’impatiente, tout excité à l’idée de vivre la performance live d’un groupe fraîchement découvert, mais surtout très frustré à l’idée de ne pas pouvoir partager mon plaisir avec grand monde. Pourtant c’est déjà clair : ce concert va être une réussite ! Si j’ai peu écouté l’album (« seulement » trois fois), j’ai comme l’impression que la performance scénique va transcender l’œuvre… et je ne m’y trompe pas.
Le public est toujours quasi-inexistant (il le restera, plus la peine d’épiloguer là dessus) et la lumière déjà suffisamment tamisée n’a pas besoin de s’effacer beaucoup pour faire régner le calme. La soirée commence avec Coyote Bill, formation acoustique aux cuivres charmeurs (et massivement présents !) présentant des morceaux rythmés et efficaces. Pas de chant ici, sauf quand la délicieuse choriste est invitée à monter sur scène, glaçant l’atmosphère de sa voix douce et de ses spasmes électrisants. Le set est plutôt réussi, le groupe offre une bonne prestation largement rehaussée par un batteur surexcité flirtant parfois avec des rythmiques très rock (pour ne pas dire punk/oi) : (d)étonnant !
Le temps d’un court entracte, The JMC Project s’installe et j’apprends au détour d’une cigarette que Marcus Monteiro ne sera pas là. Le saxophoniste originaire de Boston devait être présent avec les Montréalais mais il serait resté coincé à la frontière… « problème de papiers » apparemment. La nouvelle n’a pas l’air d’affecter le groupe plus que ça : c’est dommage, mais ils peuvent assurer sans lui. Le sextuor prend place, la scène est un peu plus dégagée que précédemment, le véritable show peut commencer. Entre afro-beat, acid-jazz, soul, funk et pur hip hop, le band plonge l’auditoire dans un monde haut en couleurs. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça groove fort. Quelques têtes s’agitent même d’avant en arrière. Le public est invité à se rapprocher; un arc de cercle se forme autour de la scène.
Au-delà des musiciens, le emceeing de Pete Tardiff est impeccable. Le rappeur est toujours dans les temps, jamais pris de court : il rebondit sur le beat et répond avec brio à la talentueuse Marjorie Fiset (chanteuse et claviériste). Le swing caractéristique de ces formations hybrides (telles que Beat Assailant ou Electro Deluxe par exemple) est bien présent, la prestation est carrée et percutante. Les anciens étudiants en jazz (pour la plupart issus de l’Université de Laval) connaissent la musique et déroulent leurs partitions sans le moindre couac. Quelques titres du prochain album (prévu pour l’année prochaine) sont même joués et reçoivent un bon accueil : le pari est gagné, le groupe arrive à faire du bon hip hop acoustique et ce n’est pas ennuyeux, loin de là ! The JMC Project déroule et termine son excellent set juste à temps pour le dernier métro. Retournant à la réalité (et sous la pluie), je rentre chez nous en jurant qu’on ne m’y reprendra pas à deux fois : au prochain concert, je viendrai accompagné, histoire de faire honneur aux bonnes vibrations !Vous pouvez découvrir ou redécouvrir Making a statement, le premier album du JMC Project sur le myspace du groupe : http://www.myspace.com/thejmcproject