Culture

Titre Manquant

Le drame historique Vision est facile à apprécier pour sa réalisation très soignée. En même temps, le film risque de laisser certains férus d’histoire médiévale sur leur faim, car il favorise certains angles de traitement plus que d’autres.

 Le dernier film de la réalisatrice allemande Margarethe von Trotta suit Hildegarde de Bingen (Barbara Sukowa), une nonne allemande connue pour ses compositions musicales et ses « visions » religieuses. En 1106, à l’âge de huit ans, Hildegarde est envoyée au monastère bénédictin de Disibodenberg. Sous la supervision de la mère Jutta (Lena Stolze), Hildegard apprend la médecine herbacée, la lecture, l’écriture et la religion. Trente ans plus tard, à la suite de la mort de mère Jutta, Hildegarde est élue abbesse par ses soeurs.

Dès lors, Hildegarde dicte au frère Volmar (Heino Ferch) ses « visions » – qu’elle décrit comme des messages de Dieu – et Volmar les écrit avec l’autorisation du pape. Hormis cela, nous sommes témoins de la jalousie que Jutta von Sponheim (Mareile Blendl), qui a été élevée par la mère Jutta au côté d’Hidelgarde, entretient face à la notoriété publique d’Hildegarde. Il y a aussi l’amitié très intime entre Hildegarde et la jeune sœur Richardis (Hannah Herzsprung), qui voit Hildegarde comme un modèle.

Par son ton, Vision est une rupture avec Rosenstrasse, autre film de Margarethe von Trotta sur une Allemande non-juive qui s’évertue à faire libérer son mari juif d’une prison à Berlin pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au lieu d’une exaltation des qualités de l’héroïne, la réalisatrice allemande Margarethe von Trotta nous offre plutôt un portrait distancié. La réalisatrice von Trotta nous montre les qualités d’Hildegarde en femme dévote qui jure de vivre dans l’abnégation en faveur de Dieu et être modèle de droiture pour ses soeurs. Cela n’empêche pas aussi von Trotta de nous faire sourire en traitant les défauts d’une religieuse surfant sur sa notoriété publique en raison des « visions » divines qu’elle a eues. Le tout est bien illustré par une performance nuancée de Barbara Sukowa qui parvient à nous montrer une femme sachant tout de même se tenir debout face à la misogynie de l’époque.

Du côté historique, Vision ne donne pas assez l’impression d’être au Moyen Âge. Certes, le film montre le mépris de quelques personnes quant à la véracité des visions et aux opinions d’Hildegarde contre certaines pratiques religieuses. Or, Vision n’aborde que très superficiellement la tolérance du clergé germanique face à la notoriété d’Hildegarde. Pour ce qui est de la tolérance du Pape envers les idées promues par Hildegarde, ne vous attendez pas à recevoir une explication.

Malgré ses défauts, Vision demeure un film à voir si l’histoire médiévale vous passionne vraiment. Après tout, considérant le ralentissement du rythme dès la deuxième moitié du film, j’ai oublié le nombre de fois que j’ai bâillé.

Vision

Allemagne/France (2009), drame historique, 110 minutes

Réalisatrice : Margarethe von Trotta

Distribution : Barbara Sukowa et Heino Ferch

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