Culture

Titre Manquant

La compagnie japonaise Sankai Juku effectue un retour très attendu à Montréal pour l’ouverture de la 13e saison de Danse Danse.  Les plus célèbres représentants actuels de la danse butoh présentent Hibiki (lointaines résonnances) jusqu’à samedi, le 2 octobre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Quel contraste de se retrouver plongé dans l’univers d’une infinie beauté de la compagnie Sankai Juku, après une course folle sous une pluie diluvienne à chercher une ouverture dans les grillages métalliques décorant le Quartier des Spectacles.

Pour présenter la pièce Hibiki, le chorégraphe Ushio Amagatsu écrit : « Le bruit de la circulation du sang dans le ventre de la mère ressemble au mouvement des vagues. C’est la première résonance qui nous parvient ». Divisé en 6 tableaux, empreints du sceau ultra-esthétique de la compagnie, les lointaines résonnances sont composées de mouvements et d’impulsions qui, selon le chorégraphe, nous ramène inévitablement à la naissance du monde.

 Dans un espace onirique, un homme se tient debout. Couvert de poudre blanche, il est vêtu d’un long tissu safran noué à la taille. Il bouge lentement au son de gouttes d’eau qui s’écoulent d’amphores suspendues au plafond. Couchés dans des cuves de verre en position fœtale, cinq danseurs s’éveillent. Leurs gestes sont lents et délicats. Ils exécutent les premiers mouvements, les premiers efforts pour poser un pied au sol et se hisser à la verticale.

Un bassin d’eau vire au rouge sang. Les corps, tels des statues de granite blanc, réalisent des gestes rituels, basculant du lent au saccadé. Les visages blanchis des danseurs expriment l’exaltation, l’émerveillement, la peur et la mort. Leurs gestes parfois amples, parfois subtils sont en interaction dynamique avec la musique tantôt lyrique, tantôt électronique signée Takashi Kako et Yoichiro Yoshikawa.

Lors de la première de la pièce, malgré la température, la salle était comble. L’audience envoûtée a assisté avec grande attention à ce rituel de passage entre la lumière et les ténèbres. La longue ovation à laquelle a eu droit la troupe témoigne du plaisir esthétique des spectateurs et de la résonnance universelle de l’œuvre.   

Créé en 1998 au Théâtre de la Ville à Paris, Hibiki a été gratifié du prestigieux prix Laurence Olivier (meilleure production chorégraphique) à Londres.

La compagnie Sankai Juku a été fondée en 1975 à Tokyo par Ushio Amagatsu, l’un des chorégraphes les plus importants des 30 dernières années . Il appartient à la seconde génération de danseurs de butoh au Japon. Le chorégraphe offre une nouvelle image de cette « danse du corps obscure » née dans les années 60 au Japon en réponses aux traumatismes de la Seconde Guerre mondiale. Sa vision cosmogonique s’oppose au mouvement radical et protestataire qui a fait naître ce nouveau genre de danse au 20e siècle.

Partager cet article