Titre Manquant

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Par Justin D. Freeman
jeudi 30 septembre 2010
Titre Manquant

Dans une industrie du disque depuis longtemps en crise, Ale Dee a réussi à se faire une petite place au soleil. Non pas que les ventes de ses deux précédents albums ne lui permettent encore de manger à sa faim, mais le rappeur originaire de Trois-Rivières a troqué son emploi de barman pour venir travailler en charpenterie à Montréal. Exit le bling-bling, l’alcool et les bitches ; si Alexandre Duhaime (de son nom de naissance) est aujourd’hui dehors à la journée longue ce n’est pas pour « pocher » mais bien pour construire quelque chose de solide.

 

Quartier Libre : Malgré ton jeune âge (Ale Dee n’a que 26 ans) tu en es déjà à ton troisième album. Ton cheminement artistique va-t-il de pair avec ton cheminement personnel ?

Ale Dee : La musique c’est toute ma vie depuis que j’ai 18 ans, j’ai eu la tête dedans pendant des années : écriture, concert… mais ça ne paye pas vraiment les factures ! L’une des façons les plus évidentes de faire du cash c’est de travailler dans un bar et c’est ce que j’ai fait. Mais sérieusement, qu’est-ce que tu vois du monde quand tu travailles dans un endroit comme ça ? Les filles, l’alcool, la drogue, le sexe, l’argent facile : rien que du vice. Je n’avais rien d’autre que ça à raconter sur mes précédents albums, j’étais en club toute la semaine ! «  J’ai du cash, j’suis cool… » Mais man, tu peux rester cool pour combien de temps ? Tu auras toujours quelqu’un pour te prendre ta place ! Je n’ai pas envie d’avoir honte de ma carrière arrivé à quarante ou cinquante ans, j’ai d’autres choses à dire !

Q. L. :  Le titre de ce troisième album est Entre la mine et l’papier. Que trouve-t-on au juste entre les deux ? 

A. D. : C’est moi man, Ale Dee ; Alexandre Duhaime. Un dude de 26 ans qui se lève pour aller travailler sur les chantiers et qui veut parler de la vraie vie. Je ne veux pas plaire qu’à des kids de 15 ans ! Je n’ai pas honte de mon parcours, mais j’ai ce besoin de dire autre chose aujourd’hui. C’est le moment pour moi d’être un peu plus introspectif ; je le ressens là, maintenant ! C’est clair que c’est compliqué de se livrer quand tu es artiste rappeur : tu es vite jugé si tu donnes trop dans l’émotion, dans le ressenti… mais la vie est comme ça pour chacun d’entre nous, artiste urbain ou pas ! On a tous des ups, des downs… et si je peux permettre à quelqu’un d’éviter à se suicider juste grâce à l’un de mes textes j’en suis fier. J’ai envie de toucher tout le monde, pas simplement d’être dans la tendance !

 

Q. L. : Pourtant ton album commence par un titre très orienté club

A.D. : Renaissance est un clin d’œil à la carrière que j’ai eue jusqu’à présent. On retrouve une grosse instru South mais c’est comme pour rappeler à mon public que je suis toujours le même, que j’ai simplement avancé ! Le reste de ce disque est beaucoup plus  mélodique ! Tu sais, chacun de mes disques s’est vendu à 5.000 exemplaires et je suis à peu près certain que ce sont les 5.000 mêmes personnes (rires) ! Mon public est fidèle, Il sait d’où je viens, il m’a suivi et il comprendra bien où je veux en venir, je dois juste l’y emmener. Au travers mes mots – ce qu’il y a entre ma fameuse mine et mon papier – il y a matière à toucher de nouvelles personnes qui ne sont pas habituées au rap. Sur l’album tu retrouves de la guitare électrique, des violoncelles… tu as des tas de choses qui sont exprimées par certaines notes, par des mélodies. Tu es obligé de t’incliner quand tu comprends qu’une harmonie t’économise plusieurs phrases inutiles. J’ai envie que ce nouveau disque touche tout le monde, jusqu’au troisième âge. Ce n’est pas fait seulement pours les fans de hip-hop : c’est juste des belles phrases sur de la belle musique, comme dans n’importe quel type de toune… Sauf qu’ici les paroles sont rappées.

Un second lancement de Entre la mine et le papier est prévu au Cabaret juste pour rire le 4 octobre 2010, à 20h00.