C’est la fin des galettes

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Par Vanessa Mounier
mardi 3 avril 2012
C'est la fin des galettes

Des biscuits concoctés par le Département de nutrition de l’UdeM en collaboration avec Action contre la faim (ACF) et les boulangeries Première Moisson ont définitivement quitté les étalages la semaine dernière. Bilan d’un programme humanitaire international qui aura duré trois ans.

C’est le 28 mars dernier que Mme Delisle, la professeure de nutrition internationale de l’UdeM à l’origine de la Galette du monde – un biscuit à base de grains de céréales germés et de fruits secs pour la plupart issus de l’agriculture biologique –, a rencontré ACF pour discuter des modalités de la poursuite du projet. À cette occasion, elle a appris que Première Moisson se retirait du trio, car l’entreprise québécoise a d’autres projets communautaires plus locaux.«Nous voulons nous investir dans une cause pour aider les gens ici, explique Manon Kirouac, directrice des communications de la chaîne de boulangeries. Je présente une fondation à nos dirigeants d’ ici deux semaines.»

Mme Delisle n’est pas étonnée de la décision prise par Première Moisson: «Je savais qu’ils se désintéressaient du projet, car on ne trouvait plus de Galettes du monde sur leur comptoir au marché Atwater, par exemple.» Pourtant, « c’était quelque chose d’assez innovant d’utiliser les fonds générés par la vente d’un produit, au bon profil santé, pour former en nutrition internationale des étudiants inscrits à l’UdeM», explique-t-elle.

ACF est une organisation non gouvernementale (ONG) qui oeuvre dans les domaines de l’eau et de la sécurité alimentaire dans environ 40 pays en développement. Créée en 1979 en France, elle a des bureaux en Espagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada.

Grâce aux 25 sous récoltés pour chaque biscuit fabriqué et vendu à 1,75 $ par Première Moisson, ACF a contribué à la formation d’étudiants de l’UdeM, en les accueillant en stage.

Les 30 000 $ de recettes ont permis à deux d’entre eux de prendre part à des projets de développement humanitaire, en Côte d’Ivoire pour un étudiant à la maîtrise et au Bangladesh pour un doctorant. Deux stages d’autant plus positifs que ces deux personnes travaillent désormais pour cette ONG en tant que coopérant et consultant.

Placement difficile

L’argent n’est pas la cause de la fin du projet Galette du monde. Selon Manon Kirouac, il s’agissait d’un beau programme humanitaire, mais «ACF n’était pas assez disponible». De fait, la petite branche canadienne qui n’a ouvert qu’en 2005 a des difficultés à placer les stagiaires. «ACF Canada est entièrement dépendante de la bonne volonté des autres filiales – comme celles de France ou encore d’Espagne qui ont des projets de terrain – pour l’accueil des stagiaires du Québec. Or, la branche française privilégie les étudiants français, par exemple. C’est pourquoi ACF Canada s’est un peu découragée», explique Mme Delisle.

Chez ACF, on considère plutôt que c’est le marketing qui a fait défaut. «Puisque nous sommes peu connus au Canada, nous aurions dû mettre des petites brochures aux points de vente. Je vais souvent chez Première Moisson, et j’ai seulement remarqué la Galette lorsque j’ai commencé à travailler à ACF cet automne», explique Geneviève Charette, la responsable des communications et du développement de l’ONG.

Avec le recul, Mme Delisle aurait fait certaines choses différemment, tout en restant axée sur la dimension internationale. Selon elle, miser sur des stages était trop aléatoire. «J’aurais plutôt souhaité que des bourses de formation en nutrition internationale soient financées en Afrique pour former des nutritionnistes africaines sur place», déclare-t-elle.

Mme Delisle reste ouverte à toute collaboration avec des entreprises privées et des ONG pour développer la nutrition internationale. «Je ne projette rien, mais je ne désespère pas, car le modèle est intéressant et je pense qu’il y aura d’autres occasions de collaborations tripartites. En tout cas, une chose est sûre : je continue ma collaboration avec ACF Canada», affirme-t-elle.