Un nouveau joueur vient d’apparaître dans les réseaux sociaux. UniYu.com rassemble déjà plusieurs centaines d’étudiants universitaires dans une communauté d’entraide virtuelle conçue par et pour eux. Sa devise : «Un pour tous et tous pour un ». La plate-forme est ouverte aux étudiants de l’UdeM depuis deux semaines.
« Le leitmotiv du projet, c’est de créer une communauté étudiante mondiale qui favorise les échanges entre les étudiants. C’est ambitieux, mais ça fait rêver ! » prophétise Emmanuel Darmon, diplômé de HEC Montréal et instigateur du projet sur lequel il travaille maintenant à plein temps. UniYu est souvent comparé à Rate my professors ou à Facebook qui, à ses débuts, était aussi un réseau exclusivement étudiant. Chaque inscrit doit posséder une adresse courriel universitaire valide. Mais UniYu se distingue par sa vocation: favoriser l’entraide.
M. Darmon croit cependant qu’UniYu apporte un service complémentaire aux autres réseaux sociaux. Pas question d’y exposer sa vie privée. On y crée plutôt une communauté en échangeant des commentaires sur son université, ses professeurs et ses cours. Les étudiants peuvent aussi proposer des services variés : des conseils en analyse mathématique au bricolage, en passant par la préparation de sushis et l’apprentissage de langues. «On a remarqué que les étudiants s’accordent une sorte de confiance mutuelle, explique Emmanuel Darmon. Par exemple, si tu as besoin d’aide en cuisine et que c’est un étudiant en médecine de McGill qui te répond, j’imagine qu’il y aura déjà une relation plus évidente que si tu allais sur un site comme Craigslist ou Kijiji.»
Du contenu en constante création
Lancé le 15 février dernier, le site rassemblait près de 600 étudiants montréalais fin février – environ 400 à HEC, une centaine à McGill, une cinquantaine à l’UdeM et une trentaine à l’UQAM et à Concordia.
Suivant la demande, d’autres universités pourront s’ajouter. Selon Emmanuel Darmon, l’engouement suit une courbe exponentielle : «Avant d’atteindre 150 étudiants par université, c’est très lent. À 150, ça explose. Les premiers étudiants ajoutent des cours, des profs, ils explorent. Quand il y a du contenu qui commence à être créé, là, ça décolle. » Car le site n’est qu’une plate-forme sur laquelle les étudiants ajoutent eux-mêmes de la matière.
«Nous, on propose quelque chose d’assez stupide en fait, et ce sont les étudiant s qui proposent du contenu intéressant », souligne M. Darmon.
Pour l’instant, les étudiants peuvent noter, sur 100, leur université (dans la rubrique uniSurfing), leurs cours (uniClass), leurs professeurs (uniProf) et leurs associations, clubs ou regroupements divers (uniAssociations). Les commentaires écrits plus élaborés sont aussi bienvenus, notamment ceux qui visent à améliorer le site lui-même (uniNext).
Un étudiant ne peut noter que les sujets qui se rapportent à son université d’attache, mais peut consulter toutes les rubriques de l’ensemble des universités. Les contacts interuniversitaires sont ainsi facilités et encouragés, à l’image de l’équipe derrière UniYu qui est composée d’un mélange d’étudiants de HEC, de McGill, de Concordia et de l’UdeM.
Il est aussi possible de mettre en ligne ses notes de cours (uniNotes) et d’avoir accès à celles d’autres étudiants. Au risque que les étudiants ne se présentent plus à leurs cours ? «L’idée, c’est que de toute façon, il faut qu’il y ait des gens qui aillent en cours pour faire les fiches et ensuite les échanger. Les étudiants n’ont pas attendu UniYu pour échanger leurs notes de cours », relativise Emmanuel Darmon.
Il voit d’ailleurs plus loin que le simple échange de notes entre étudiants du même cours : « Si l’on arrive à faire décoller ça à l’échelle mondiale, on pourrait ainsi confronter les points de vue. Des étudiants en informatique d’ici pourraient obtenir les fiches de cours d’étudiants du MIT à Boston, et des étudiants américains en histoire pourraient consulter les fiches d’étudiant s mexicains, par exemple.» L’administration de l’UdeM dit s’être tenue au courant d’UniYu, mais n’a pas fait plus de commentaires à ce sujet. Il aura fallu moins de six mois à Facebook pour passer d’un simple annuaire illustré virtuel réservé aux étudiants de Harvard à un réseau regroupant la plupart des universités nord-américaines, et moins de trois ans pour devenir un phénomène mondial. Reste à voir maintenant où en sera rendu UniYu d’ici quelques mois.
Les pionniers de HEC Montréal témoignent
Anne-Sophie Milette, au premier cycle en administration des affaires
Anne Sophie est fraîchement arrivée à HEC. Ce sont les «intégrateurs» – les responsables de l’accueil des nouveaux étudiants – qui lui ont proposé de s’inscrire sur UniYu. «La possibilité de communiquer avec des personnes qui ont déjà suivi nos cours et qui peuvent nous aider est d’une valeur inestimable pour ma réussite et celle d’autres étudiants.J’aime beaucoup le fait que les notes de cours soient libres d’accès et que les moteurs de recherche soient faciles à utiliser», confie-t-elle.
Nicolas Etorre, à la maîtrise en sciences de la gestion
our lui, UniYu facilite les rencontres et favorise une convivialité autour des cours qu’aucun autre réseau social ne permet. «J’y trouve facilement ce que je veux. Plus on sera d’inscrits, plus ce sera vrai, dit-il. Il faut toutefois se donner la peine de partager ses fiches, car ce système fonctionne sur la base du volontariat. Ça me plaît de participer à ce bel effort collectif d’entraide.»
Jérémie Bonnemort, en quatrième année de Finance et Marketing
«Les différentes universités sont relativement fermées sur elles-mêmes et même au sein de la même université, les étudiants partagent peu», selon lui. Une situation qui «est agravée par un système de notation nous poussant à presque souhaiter l’échec de nos voisins», mais qu’UniYu pourrait renverser en promouvant l’entraide et le partage. «Qui sait, peut-être ont-ils inventé l’université 2.0: communautaire, gratuite, et dynamique !» lance-t-il.