10 ans plus tard… la lutte pour la gratuité scolaire continue

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Par Léa Delambre
jeudi 24 mars 2022
10 ans plus tard… la lutte pour la gratuité scolaire continue
Des étudiant·e·s de l’UdeM tiendront également du 21 au 26 mars des journées de grève pour la rémunération des stages, la précarité étudiante et la justice climatique. Crédit photo : Léa Delambre
Des étudiant·e·s de l’UdeM tiendront également du 21 au 26 mars des journées de grève pour la rémunération des stages, la précarité étudiante et la justice climatique. Crédit photo : Léa Delambre
Dix ans après la manifestation historique du 22 mars 2012, de nombreuses associations étudiantes de l’UdeM ont repris le flambeau pour réclamer la gratuité scolaire. Mardi 22 mars 2022, des manifestant·e·s se sont ainsi rassemblé, sur la Place du Canada.

Aujourd’hui encore, la facture étudiante augmenterait deux fois plus vite que l’inflation. Cette année, les étudiant·e·s québécois·es auront payé en moyenne 3?761 $ de droits de scolarité, incluant les autres frais exigibles pour leurs études, soit 875 $ de plus qu’il y a 10 ans, selon des données de Statistique Canada. Ce montant est tout de même moins élevé que la hausse de 1?497 $ prévue sous la réforme de Jean Charest, contre laquelle des milliers d’étudiant·e·s avaient manifesté en 2012, selon les organisateurs de la manifestation, baptisée « Gratuité scolaire ».

« L’augmentation constante des frais de scolarité ne fait que contribuer à la marchandisation des savoirs, au détriment des champs d’études qui ont moins de valeur marchande, regrette l’étudiante en deuxième année au baccalauréat en sciences politiques et en philosophie Anne Desruisseaux, qui était présente à la manifestation du 22 mars 2022. C’est déplorable d’être influencé par le marché plutôt que par nos intérêts dans nos choix de domaine d’études. Selon moi, la gratuité scolaire est une condition nécessaire pour avoir une société démocratique et juste. »

« Il me semble qu’avec la crise du logement, l’inflation historique et la crise de santé mentale que nous traversons, mes collègues et moi en avons beaucoup sur les épaules, déplore pour sa part l’étudiant de deuxième année à la maîtrise en philosophie Félix Tremblay. On sait que le système d’éducation québécois reproduit des inégalités sociales, qu’il devrait plutôt être en mesure de combattre. S’instruire est déjà un processus difficile en soi et l’Université est un milieu très exclusif. Je ne vois pas pourquoi on tolérerait des obstacles supplémentaires, surtout pour des raisons politiques. » Anne partage le même avis. « On ne devrait pas accepter, comme société, qu’une personne qui nait dans un quartier défavorisé ait moins de chances de se retrouver un jour sur les bancs des universités qu’une personne naissant dans un quartier huppé », soutient-elle.

 Une mobilisation historique en 2012

Il y a dix ans, les manifestant·e·s avaient réussi à faire annuler la hausse des frais de scolarité.

« Historiquement, les grèves ont montré leur efficacité, explique l’étudiant en première année au baccalauréat en littératures de langue française Robin Duclos. Elles sont un outil de résistance collective particulièrement démonstratif, une résistance physique et corporelle. Symboliquement, un regroupement de personnes occupant des espaces sociaux construits seulement pour la circulation entre les domaines privés et les milieux de travail demeure frappant et efficace. Ce serait seulement 2 milliards sur le budget annuel, tandis que des projets comme le 3e lien en en nécessitent quasiment 5 fois plus.»

Des étudiant·e·s de l’UdeM tiendront également du 21 au 26 mars des journées de grève pour la rémunération des stages, la précarité étudiante et la justice climatique.