Voyage au bout du monde

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Par Nayla Rida
vendredi 13 avril 2018
Voyage au bout du monde
(Photo: Pixabay.com / mbg35)
(Photo: Pixabay.com / mbg35)
En terminant ses études en administration des affaires en 2009, Yanick Daoust a reçu un diagnostic de trouble bipolaire. À la suite de cette découverte, il a voyagé pendant quatre ans autour du monde. Aujourd’hui étudiant au certificat en coopération internationale, il publie son carnet de voyage, Le Random – De l’asile au bout du monde.

 Quartier Libre : Qu’est-ce qu’on retrouve dans ton livre ?

Yanick Daoust : Il s’agit de quarante-trois anecdotes écrites de manière aléatoire. J’y raconte des rencontres, des expériences qui me sont arrivées… Je ne pensais pas écrire un livre en partant. Le livre s’appelle Random [NDLR « aléatoire », en français], car quand j’étais inspiré, je décidais d’écrire.

Q.L. : Pourquoi partir en voyage après le diagnostic ?

Y.D. : Je ne suis pas parti directement. J’ai fait un stage à Montpellier dans le cadre d’un échange étudiant, au cours duquel j’ai eu la piqûre du voyage. J’ai rencontré du monde d’un peu partout : d’Europe, d’Amérique du Sud… Je ne pensais qu’à repartir. À la suite de mon diagnostic, je me suis rendu compte qu’on ne sait jamais quand tout peut basculer et s’arrêter. Il y avait tellement de choses que je voulais faire dans la vie et j’ai compris que c’était le moment de les faire. Je ne voulais pas me laisser abattre, donc j’ai décidé de rebondir avec ce projet de voyage. Mon sous-titre De l’asile au bout du monde y fait référence, car quand je suis sorti de l’hôpital, j’ai choisi de partir.

Q.L. : Comment est-ce que les gens perçoivent ta maladie ?

Y. D. : Il existe des préjugés selon lesquels les bipolaires sont fous, différents des autres, étiquetés… Les gens jugent en général, mais je ne sais pas trop pourquoi. Je dirais que la bipolarité est un sujet inconnu, les gens n’en parlent pas beaucoup et ne savent pas trop comment l’aborder. On est beaucoup plus ouverts quand il s’agit, par exemple, de cancer. Quelqu’un qui a surmonté cette maladie est vu comme un héros, tandis que pour une maladie mentale, c’est plus délicat, les gens sont peut-être moins outillés pour bien en parler.

Q.L. : En quatre ans, combien de pays as-tu visités ?

Y. D. : J’ai parcouru 52 pays. Je suis allé un peu partout en Europe et j’ai passé huit mois en Asie. J’ai travaillé dans certains pays, ce qui m’a permis de rencontrer plus de monde. Par exemple, j’ai fait la connaissance de Robert, aujourd’hui un bon ami, dans une ferme de melons en Australie. Je l’ai revu en Nouvelle-Zélande, en Hollande et en Amérique du Sud.

Q. L. : Quel est ton meilleur souvenir de voyage ?

Y. D. : C’est dur d’en nommer juste un, parce qu’il y en a tellement eu en quatre ans. Celui qui ressort le plus, peut-être, ce sont mes six mois passés au Brésil. J’y suis allé pour le Carnaval de Rio et pour travailler et assister à la Coupe du monde de football en 2014. J’ai obtenu un emploi au stade Itaquerao de São Paulo et j’étais pratiquement payé pour voir les six matchs qui s’y déroulaient. J’ai vécu une immersion dans la culture brésilienne et appris le portugais, ce qui était vraiment génial.

Q. L. : Penses-tu repartir bientôt et écrire un deuxième livre ?

Y. D. : Depuis mon retour au Canada en 2014, j’y pense souvent. Il est probable que mon prochain long périple à l’étranger sera lié à mes études en coopération internationale. L’Afrique et l’Amérique du Sud m’interpellent. Je ne ferme pas la porte à l’écriture d’un autre livre, même que l’idée me plaît beaucoup. Peut-être que le prochain voyage m’inspirera !