Vivre avec la nordicité

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Par Claire-Marine Beha
lundi 29 février 2016
Vivre avec la nordicité
Les membres du collectif Kopula (de gauche à droite) : Kassandra Bonneville, Kati Peltola, Caoimhe Isha Beaulé, Marie-Hélène Roch. Crédit Photo: Sarah Bouchaïb
Les membres du collectif Kopula (de gauche à droite) : Kassandra Bonneville, Kati Peltola, Caoimhe Isha Beaulé, Marie-Hélène Roch. Crédit Photo: Sarah Bouchaïb
Le jeune collectif de design Kopula organise le colloque Nordicité 2016 : Design et durabilité en contexte nordique le 12 mars à l’Université Concordia. Initié à l’automne 2015 par l’étudiante à la maîtrise en aménagement, option design et complexité de l’UdeM Caoimhe Isha Beaulé, le collectif se pose la question de l’adaptation du design aux conditions climatiques des régions du Nord.

«Ce sont avant tout des réflexions sur le Nord et l’hiver, indique la responsable des communications du collectif et étudiante en études urbaines à l’Institut national de recherche scientifique, Marie-Hélène Roch. Notre colloque s’articulera autour de trois blocs thématiques : le design durable, la nordicité au quotidien et l’autochtonie, avec la cohabitation et la valorisation culturelle. » La nordicité, notion établie par le géographe québécois Louis-Edmond Hamelin en 1976, définit les pays en zone froide, comme la Scandinavie ou le Canada.

Constitué de cinq étudiants et finissants de l’UdeM, l’UQAM et Concordia, le collectif se donne comme mandat de s’inspirer des pratiques d’ailleurs, mais aussi des initiatives locales en matière d’architecture et de design.

« Il s’agit de développer des projets qui sont environnementalement, économiquement et culturellement durables », explique Caoimhe Isha Beaulé. Les particularités de vie dans les régions arctiques, mais aussi les zones telles que le Québec, qui traversent des saisonnalités rudes, sont multiples. « Le collectif souhaite repenser l’architecture, le transport, mais aussi les objets comme le vélo difficilement praticable en hiver, illustre-t-elle. La neige est aussi un bon exemple : elle est vite enlevée à Montréal, mais pourquoi ne pas en tirer un avantage et réfléchir à un usage potentiel ? »

Le professeur de l’école de design de l’UdeM Pierre de Coninck abordera, lors d’une conférence pour le colloque, le développement d’une approche globale pour les futurs concepteurs de l’environnement. « Il suffit de se rendre compte à quel point les objets ne fonctionnent pas dans notre univers hivernal québécois, nos critères de conception nient la variable “hiver”, déplore-t-il. Je pense aux boites postales installées récemment dans le nord de la province et dont les serrures ont gelé à la première pluie verglaçante ! »

Des étudiants qui n’ont pas froid aux yeux

C’est l’Arctic Design Week de Rovaniemi en Finlande, un événement annuel traitant du design nordique, qui a inspiré à Caoimhe l’idée du collectif, lors de son séjour à l’Université de Laponie. « En faisant une maîtrise, je veux poursuivre mes idées de façon plus théorique, précise Caoimhe. Le design est un domaine pratique, donc faire de la recherche théorique et scientifique permet de faire avancer cette discipline différemment. »

M. De Coninck encourage le nouveau collectif à continuer dans sa réflexion quant à l’appropriation de l’hiver dans la vie quotidienne des Nordiques. « Il se peut certainement que Kopula soit encore amené à changer, mais il possède un grand potentiel d’opportunité s’il réfléchit éthiquement et stratégiquement à une vision de développement durable et viable », indique-t-il.

Dans le cadre de Nordicité 2016, Kopula organise également une charrette à l’Université Concordia. Il s’agit d’une compétition courte et intensive à laquelle les étudiants et diplômés en urbanisme, architecture et design peuvent participer. Celle-ci reste dans la thématique et s’intitule Hiver : saison morte ?