Violences sexuelles sur les campus : nouveaux constats

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Par Julien Tardif
jeudi 13 avril 2017
Violences sexuelles sur les campus : nouveaux constats
L'étude l'ESSIMU est la première à s'intéresser aux violences sexuelles strictement au Québec. Crédit photo : geralt | Pixabay
L'étude l'ESSIMU est la première à s'intéresser aux violences sexuelles strictement au Québec. Crédit photo : geralt | Pixabay
À l’heure où la ministre de l’Enseignement supérieur Hélène David conclut ses consultations sur les violences sexuelles sur les campus québécois, une étude indépendante réalisée à l’UQAM démontre que les agressions sur les campus ont moins souvent lieu au moment des initiations qu’on ne pense et ne sont pas toujours commises par des étudiants.

Ce sont 12000 personnes provenant de six universités québécoises, tant étudiants, enseignants, chargés de cours que cadres administratifs qui ont répondu à l’étude intitulée Enquête, sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU) réalisée par la professeure au Département de sexologie de l’UQAM Manon Bergeron. « Notre étude est nouvelle sur trois axes, note Manon Bergeron. Nous sommes les premiers à étudier directement au Québec les cas de violences sexuelles, à inclure plus que seulement les étudiants, et finalement à s’intéresser strictement aux actes posés sur le campus par des membres universitaires. »

L’étude révèle que seulement 12 % des agressions ont lieu pendant des initiations. Ce serait plutôt lors d’activités sociales comme des 5 à 7, souvent liées à l’Université, que surviennent près de la moitié des violences sexuelles. « C’est important pour nous d’avoir documenté le contexte des violences, remarque Mme Bergeron. Il est facile de penser au cliché des agressions commises lors des initiations par un agresseur inconnu, mais nos résultats démontrent bien que la réalité n’est pas celle qu’on imagine. »

La chargée de cours au Département de sociologie à l’UQAM Sandrine Ricci, qui a collaboré à l’étude, ajoute que les résultats démontrent une culpabilisation des victimes. En effet, 90 % des victimes affirment ne pas avoir dénoncé leur agression aux instances de l’Université. Le rapport indique qu’environ 70 % des agressions seraient commises par des étudiants, contre 25 % par des enseignants.

Le rapport ESSIMU est orienté sur la recherche-action et propose plusieurs pistes de solution afin de mettre rapidement en action des mécanismes pour contrer le phénomène des violences sexuelles. « Lors de chaque journée de consultation organisée par la ministre, un membre de notre équipe a été invité à présenter les résultats, note Manon Bergeron. La ministre a aussi mentionné à quelques reprises être en accord avec nos recommandations, mais on ne sait pas si celles-ci seront toutes suivies. » Mme David prévoit rendre publique une loi-cadre sur le sujet à l’automne prochain.