Violence conjugale : Inhérente au football?

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Par Laura Beaudouin
mercredi 15 octobre 2014
Violence conjugale : Inhérente au football?
Lors de son passage à l’émission « Tout le monde en parle » le 12 octobre dernier, l’ex-joueur des Redmen de McGill et nouvelle recrue des Chiefs de Kansas City, Laurent Duvernay-Tardif a affirmé que le taux d’arrestation pour violence conjugale est plus faible au football que dans la population en général.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Lors de son passage à l’émission « Tout le monde en parle » le 12 octobre dernier, l’ex-joueur des Redmen de McGill et nouvelle recrue des Chiefs de Kansas City, Laurent Duvernay-Tardif a affirmé que le taux d’arrestation pour violence conjugale est plus faible au football que dans la population en général.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Les cas de violence conjugale dans le monde du football font les manchettes récemment. Après le scandale de Ray Rice dans la National Football League, un membre des Redmen de McGill, Luis Guimond-Mota, a été accusé récemment et devra faire face aux tribunaux. Les Carabins croient, pour leur part, que la formation est un élément clé pour la prévention de ce type de débordements.
« Nous avons eu par le passé affaire à des personnes ayant des pensées violentes, suicidaires, ou qui se dopaient. »
Manon Simard, Directrice des programmes sportifs des Carabins

«Il n’existe actuellement pas de programme de formation spécifique concernant la violence conjugale, et ce n’est pas dans les projets pour l’instant, indique la directrice des programmes sportifs des Carabins, Manon Simard. Nous avons une formation générale de trois heures et plus avec chaque nouvelle recrue sur le dopage. »

Établir un lien direct entre football et violence est incorrect aux yeux du neuropsychologue et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Louis De Beaumont. « Le sport de contact amène une certaine forme d’agressivité qui pourrait se transposer dans la vie de tous les jours, mais il est dangereux de faire ce genre d’association, affirme-t-il. Beaucoup de footballeurs ne sont pas concernés par la violence, malgré qu’ils puissent être très agressifs sur le terrain. »

D’ailleurs aucune étude ne révèle de corrélation entre le développement de comportement agressif et la pratique d’un sport de contact, comme le mentionne le docteur en neuropsychologie et professeur au Département de kinésiologie de l’UdeM, Dave Ellemberg. « La seule chose que l’on sait présentement est que la pratique régulière sportive améliore les fonctions cérébrales et mentales, ce qui apporterait des bienfaits sur le contrôle de l’anxiété et les facteurs de dépression », explique ce dernier. Le sport améliorerait la neuroplasticité du cerveau : la capacité des neuronnes à se modifier et se remodeler tout au long de la vie.

Rester alerte

Malgré les formations, l’organisation des Carabins se tient prête à intervenir en cas de débordements, tant sur le terrain qu’à l’extérieur. « Même s’il y a contrôle sur la dimension sportive et un apprentissage des valeurs institutionnelles, le jeune a aussi son propre bagage que l’on ne contrôle pas », explique Mme Simard.

Selon elle, tous les étudiants peuvent être touchés par la violence conjugale. « Les programmes de sports ne sont pas plus à l’abri que ceux de l’université, c’est juste que lorsque ça touche un athlète, ça devient visible, dit Mme Simard. D’autant plus qu’il s’agit d’un sport de contact. »

L’équipe a d’ailleurs déjà eu à traiter des cas d’agressivité.« Nous avons eu par le passé affaire à des personnes ayant des pensées violentes, suicidaires, ou qui se dopaient, lance-t-elle. Quand nous les prenons, c’est que nous pensons en avoir la capacité. Pour certains, cela a très bien réussi, pour d’autres moins. » M me Simard n’a pas voulu fournir d’exemples plus détaillés à ce sujet pour des raisons de confidentialité. De plus, l’organisation n’a pas voulu que des joueurs accordent d’entrevue à ce sujet à Quartier Libre.