«L’austérité nous affecte en tant qu’étudiants, mais aussi en tant que citoyens, estime la porte-parole de l’ASSÉ, Camille Godbout. On revendique un projet de société différent de ce que propose le gouvernement quand il met la hache dans des décennies d’acquis sociaux. Nous on pense qu’il faut plutôt réinvestir et qu’on a les moyens de faire autrement pour les générations futures. »
Selon l’ASSÉ, les coupes, qui touchent une large partie de la population, doivent pousser les étudiants à se mobiliser pour l’éducation, mais aussi pour les travailleurs et les gens en situation de précarité.« On est en contexte politique différent qu’en 2012, l’ensemble des services publics sont attaqués, juge Camille Godbout. Oui nous souhaitons protéger l’éducation, mais il y a aussi la santé, l’environnement, la culture qu’on veut sauver. » Selon elle, il est évident que son association doive se mobiliser aux côtés des syndicats des travailleurs qui sont touchés par la loi 3 sur les régimes de retraite.
« Pour moi qui enseigne les concepts syndicaux à l’Université, je constate que ce mouvement est généralement moins attrayant pour les jeunes, juge la professeure adjointe à l’École de relations industrielles de l’UdeM Mélanie Dufour-Poirier. Mais en ce moment, je pense qu’il y a une volonté de la part d’organisations qui ne sont pas traditionnellement ensemble de faire front commun pour avoir plus de visibilité et d’influence. »
Mobilisation en cours
Six associations étudiantes à Montréal ont déjà emboîté le pas au mouvement de lutte contre l’austérité et voté un mandat de grève pour la fin du mois de mars. À l’UdeM, l’Association de cycles supérieurs en sociologie et l’Association de science politique et de philosophie entreront en grève dès le 23 mars si la mobilisation se concrétise. « Notre mandat de grève a un plancher de 30 000 étudiants en grève, sur trois campus différents », explique le délégué aux affaires udemiennes de l’Association de science politique et philosophie de l’UdeM, Xavier Ferrand. Alors que 12 824 étudiants ont déjà voté en faveur de la grève, il estime que les chances sont bonnes pour que leur mandat puisse être appliqué.
De son côté, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) prône la solidarité intersyndicale avec les organismes qui œuvrent en éducation, mais n’a pas de mandat plus large avec les syndicats d’autres secteurs. « Il faudrait qu’une majorité de nos associations membres votent en faveur d’un tel mandat de solidarité dans leurs assemblées générales respectives et nous formulent une demande en conseil central », explique le délégué aux affaires externe de la FAÉCUM, Nicolas Lavallée.
Selon Mme Dufour-Poirier, le regroupement de ces organisations est de plus en plus courant ces dernières années. « Les organisations syndicales, comme les associations étudiantes, cherchent à la base à diffuser un message de solidarité sociale, c’est donc propice à la création de coalitions, mais aussi à la fusion de coalitions », explique-t-elle. Par exemple, la Coalition Main Rouge qui a été créée en 2009 est composée de plus de 85 organismes opposés à la tarification des services publics, dont l’ASSÉ, des syndicats d’enseignants et d’autres organismes publics.
« Le printemps prochain sera un laboratoire pour tester la solidité de ces alliances, explique Mme Dufour-Poirier . Les organisations devront se rallier pour formuler leurs revendications, sans causer de mécontentement chez leurs membres. » Selon elle, chacune des organisations pourrait être perdantes si elles ne réussissent pas à bien communiquer et à rallier le public à leur cause.
Néanmoins, les manifestations et autres activités de mobilisation s’intensifieront et culmineront au début du mois d’avril. « Les actions de perturbation des prochaines semaines mèneront à une éventuelle grève générale illimitée, si le budget 2015-2016 ne met pas de l’avant un réinvestissement massif dans les services publics », explique Camille Godbout.
La manifestation organisée par l’ASSÉ, qui est prévue le 2 avril prochain, est considérée par l’Association comme un point de non-retour avant le déclenchement d’une éventuelle grève. Les membres de l’ASSÉ se réuniront en congrès les 4 et 5 avril prochains pour trancher sur la question.