Une première politique contre les violences sexuelles à l’UdeM

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Par Esther Thommeret
lundi 26 août 2019
Une première politique contre les violences sexuelles à l’UdeM
La politique est entrée en vigueur le 1er août dernier (crédit Pixabay).
La politique est entrée en vigueur le 1er août dernier (crédit Pixabay).
L’UdeM a adopté pour la première fois une politique visant à lutter contre les violences sexuelles sur le campus. Un code de conduite interdit dorénavant toute relation amoureuse, intime ou sexuelle entre un étudiant et une personne ayant un pouvoir d’autorité sur celui-ci.

La Politique sur les inconduites et les violences à caractère sexuel comprend trois grandes mesures : l’adoption d’un code de conduite encadrant les relations entre les membres de l’Université, une formation de sensibilisation obligatoire pour tous et la mise en place d’un guichet unique pour accueillir les plaintes.

 Cette politique a été adoptée conformément au projet de loi provinciale 151 qui impose aux universités et aux cégeps du Québec de se munir d’une loi spécialement dédiée à ce type de violences. Jusqu’à aujourd’hui, une telle loi n’existait pas au sein de l’UdeM. « Tout ce qui a trait aux violences à caractère sexuel était couvert par la Politique sur le harcèlement psychologique, toutefois, ce n’était pas aussi bien défini que ça l’est maintenant », explique la directrice du Bureau d’intervention en matière de harcèlement (BIMH), Isabelle Chagnon.

Un code de conduite strict

« Depuis le 1er août, il ne peut plus y avoir de concomitance entre une relation académique ou d’autorité et une relation amoureuse, intime ou sexuelle », affirme Isabelle Chagnon. Selon le BIMH, une relation pédagogique existe lorsque toute personne détient un pouvoir d’influence sur le parcours universitaire d’un étudiant, comme un professeur, un chargé de cours, un superviseur de stage ou encore un technicien en gestion de dossier étudiant. « Ce code de conduite permet de protéger la vulnérabilité de la personne qui n’est pas en situation d’autorité », explique Mme Chagnon. La directrice du BIMH mentionne que toute relation devra être déclarée pour que des accommodements puissent être mis en place afin de réduire le lien pédagogique entre les deux personnes.

« Nous sommes vraiment contents que ce code-là soit établi, parce que le consentement ne peut pas être libre dans une position d’autorité », insiste la secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Sandrine Desforges. Selon elle, ce code de conduite est indispensable et est un pas en avant pour l’avenir de la prévention des violences à caractère sexuel sur le campus. Pour elle, il existe de nombreux bénéfices à l’instauration d’une telle politique. « Nous pouvons observer sur le campus de l’UdeM qu’il y a un réel changement de paradigme en ce qui concerne les violences à caractère sexuel, et sur la manière dont il faut agir pour les combattre activement, témoigne-t-elle. Je pense que la politique vient s’inscrire directement dans ce changement. »

Devenir un « témoin actif »

Dans le cadre de cette politique, l’ensemble de la communauté universitaire se doit de suivre une formation de sensibilisation aux violences à caractère sexuel. Cette dernière permet, entre autres, d’apprendre à écouter le témoignage d’une victime, à réagir en tant que témoin, à intervenir, mais aussi à connaître les ressources disponibles au sein de l’Université. Une première formation est destinée aux membres du personnel de l’Université et a déjà été suivie par près de 2 850 personnes au cours de la dernière année scolaire, selon la directrice du BIMH. Pour les étudiants, une formation légèrement différente sera disponible en ligne sur Studium au cours du mois de septembre.

Depuis quelques années, la FAÉCUM et le BIMH travaillent ensemble pour apprendre aux comités exécutifs des associations étudiantes à être des « témoins actifs ». « Les associations sont souvent les premières à entendre le témoignage de victimes de violences sexuelles, mais elles ne sont pas toujours bien outillées pour les recevoir », développe Sandrine Desforges. L’objectif, selon elle, est de former les exécutants pour qu’ils puissent adopter le comportement adéquat et guider la personne en cas de besoin. « Désormais, tout le monde agit activement pour ne plus tolérer ce genre de comportement et privilégier un campus sain et sécuritaire pour toutes et tous », conclut Sandrine.

« Être témoin actif, c’est réagir et intervenir », affirme quant à elle la présidente de l’Association des étudiants et étudiantes en psychologie de l’UdeM (AGÉÉPUM), Catherine Dionne. « Dans la formation du BIMH, j’ai beaucoup aimé le fait qu’ils abordent certains thèmes comme le sexisme ou la culture du viol, parce qu’ils sont parfois contestés, beaucoup de gens n’y croient pas, témoigne-t-elle. J’ai trouvé ça pertinent d’affirmer qu’il s’agit d’une réalité qui existe dans notre société. » Pour Catherine, cette politique est indispensable au sein d’une université.