Un mouvement sans précédent

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Par Tiffany Hamelin
mardi 11 décembre 2012
Un mouvement sans précédent
Durant le mouvement, les étudiants de l’UdeM ont participé à de nombreuses manifestations sur le campus. (Crédit photo : Tiffany Hamelin)
Durant le mouvement, les étudiants de l’UdeM ont participé à de nombreuses manifestations sur le campus. (Crédit photo : Tiffany Hamelin)

Il est encore difficile d’imaginer que jusqu’à 28 000 étudiants de l’UdeM étaient en grève l’hiver dernier. Le professeur de sociologie à l’UdeM, Jacques Hamel, et deux représentantes du mouvement étudiant reviennent sur leurs impressions du mouvement sur le campus.

Même avant l’annulation de la hausse des frais de scolarité et l’élection du nouveau gouvernement, une étudiante en philosophie à l’UdeM Blandine Parchemal publiait une lettre réclamant la démission du recteur Guy Breton. Les interventions policières sur le campus avaient choqué la communauté universitaire. «Ce qui a été inédit à l’UdeM, c’est la façon dont le mouvement a mué en un mouvement qui réclame la démission du recteur Guy Breton», explique le professeur de sociologie à l’UdeM, Jacques Hamel. 

M. Hamel explique que les étudiants de l’UQAM n’ont pas fait l’amalgame hausse-recteur. Ceux de l’UdeM ont entretenu pendant plusieurs mois un sentiment de rejet de la part de leur recteur. «Guy Breton a eu un comportement intransigeant envers les grévistes et le mouvement, ce qui a eu un effet boule de neige», ajoute M. Hamel. Il insiste toutefois sur le fait que dès le début du mouvement, tous les recteurs au Québec ont adopté un comportement hostile face à leurs étudiants «au lieu de jouer le rôle de médiateur».

Solidarité

M. Hamel met en avant l’implication des étudiants de sciences humaines et sociales. «Les étudiants en secteurs qui ne menaient pas directement à un emploi bien rémunéré se sentaient plus concernés par cette hausse, confie M. Hamel. Les étudiants en médecines dentaires, au contraire, sont plus aptes à rembourser rapidement leur prêt puisqu’ils ont moins de problèmes  l’intégration au marché du travail après leurs études.»

La solidarité était toutefois présente selon M. Hamel. «Les étudiants en sciences humaines et sociales ont su rallier leurs collègues de médecine et de Polytechnique », ajoute le sociologue. Même si les étudiants de Polytechnique n’ont voté que quelques levées de cours pour participer aux grandes manifestations, M. Hamel précise que «le soutien était tout autant moral que physique». C’est aussi la première fois que les professeurs et chargés de cours se sont joints à la cause des étudiants. 

Des étudiants en génie ou en médecine, qui ont tendance à être plus conservateurs, protestaient principalement contre la conception de l’université qui s’accorde avec la pensée du recteur. «Le cerveau des étudiants doit s’aligner aux besoins des entreprises», déclarait le recteur, Guy Breton, tout au long de l’hiver. M. Hamel ajoute qu’à la fin du mouvement «nous nous attendions à ce que M. Breton ouvre un peu plus sa porte».

FAÉCUM bien impliquée

La présidente de la Fédération des étudiants universitaires du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, est consciente de l’ampleur qu’a pris le mouvement à l’UdeM. «Chaque université a sa culture qui lui est propre. La comparaison avec l’UQAM n’est pas facile considérant le passé plus militant de ses étudiants», explique-t-elle.

Bien que Jacques Hamel souligne l’importance du rôle joué par les leaders étudiants durant tout le mouvement, il critique tout de même la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM). «Le bureau exécutif semblait souvent indécis, précise M. Hamel. Je pense  qu’il aurait été mieux que la Fédération adopte une position plus claire et propose un leader plus représentatif des étudiants. »

Une critique que Mme Desjardins n’approuve pas. «La FAÉCUM a fait preuve d’une motivation exceptionnelle, explique-t-elle. Je voyais  parfois plus d’étudiants de la FAÉCUM aux actions organisées que des étudiants de l’UQAM.» La présidente affirme que la Fédération a adopté un mandat très clair dès le début du mouvement et laissait place au débat dans ses instances. 

Quelques mois après avoir passé le flambeau à Mireille Mercier-Roy, l’ex-secrétaire de la FAÉCUM, Stéfanie Tougas, revient sur son année de mobilisation. «Personne ne s’attendait à ce que presque 30000 étudiants soient en grève à l’UdeM, explique Mme Tougas. De janvier à avril, la FAÉCUM participait à toutes les assemblées générales de grève pour répondre aux questions et guider les étudiants.»

La Fédération a adopté en congrès extraordinaire le 10 octobre dernier, le mandat de réclamer la démission de Guy Breton. Depuis, certains étudiants reprochent au bureau exécutif de ne pas défendre ce mandat malgré l’organisation d’une manifestation sur le campus le 27 novembre dernier. Des étudiants ont donc décidé de publier une lettre ouverte (page 2) critiquant la façon dont la FAÉCUM s’implique dans ce mandat.