Un langage d’un nouveau genre

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Par Thomas Laberge
jeudi 3 mai 2018
Un langage d’un nouveau genre
La professeure au Département de linguistique et de traduction de l’UdeM Chantal Gagnon estime qu'il est important que l'université se penche sur ces questions. (Crédit photo : Thomas Laberge)
La professeure au Département de linguistique et de traduction de l’UdeM Chantal Gagnon estime qu'il est important que l'université se penche sur ces questions. (Crédit photo : Thomas Laberge)
Un guide distribué aux professeurs de l’UQAM par un groupe anonyme a fait réagir l’opinion publique. Il est notamment suggéré d’utiliser un français dégenré avec des néologismes tels que « ille », « nombreuxes » ou « contributeurice ». L’objectif est de faire de l’université un lieu plus inclusif pour les personnes de la communauté LGBTQIA+.

Pour la professeure au Département de linguistique et de traduction de l’UdeM et membre du groupe de travail sur la rédaction inclusive et non genrée Chantal Gagnon, ce type de revendications est utile. « Le fait qu’un groupe lance cette initiative prouve qu’il faut avoir le débat même si ça touche très peu de gens, affirme-t-elle. Et c’est le rôle de l’université de se pencher là-dessus. »

Elle croit que des propositions qui encouragent une langue plus inclusive, comme le langage dégenré ou la féminisation, peuvent avoir un impact positif sur les minorités et les groupes marginalisés. « En ce qui concerne la féminisation, les femmes ne sont pas une minorité puisqu’elles constituent 50 % de la population », rappelle-t-elle.

Le français, une langue en changement

Pour le professeur au Département de linguistique de l’UQAM Richard Compton, ce genre d’initiatives peut avoir un impact réel sur l’usage de la langue. Spécialement si des instances officielles comme les gouvernements ou l’Académie française les appuient.

Il rappelle également que la langue est constamment en changement. « Au cours des cent dernières années, le français s’est beaucoup transformé, explique-t-il. Certains mots ou temps de verbe ne sont plus utilisés aujourd’hui ».

Toutes les modifications ne sont pas acceptées facilement, croit cependant le professeur. « Il peut être intéressant de proposer plusieurs avenues possibles afin que les gens puissent choisir celle qui leur semble la plus naturelle », soutient-il.

Difficulté de lecture

Mme Gagnon est toutefois d’avis qu’il faut faire attention avec des propositions qui cherchent à rendre la langue plus inclusive. « Ça ne s’adapte pas à toutes les formes de rédaction et ça peut rendre la lecture difficile », nuance-t-elle. La féminisation des termes avec l’usage de tirets par exemple (étudiant-e-s, professeur-e-s) augmenterait la difficulté de la lecture.

L’écriture épicène* serait recommandée par la majorité des guides selon la professeure. Ce type d’écriture n’augmenterait pas la difficulté de la lecture. C’est d’ailleurs cette méthode qui est suggérée par le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’UdeM.

*L’écriture épicène propose différentes manières de rendre un texte non sexiste. Cela peut être l’utilisation de termes neutres (l’élève), de doublons (les étudiants et les étudiantes) ou de formulations neutres (la communauté étudiante).