Philosophie de l’horreur

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Par Claudia Boutin
mardi 9 septembre 2014
Philosophie de l'horreur
Titre: explored - crédit photo: Alex sur Flickr - http://urlz.fr/D0L - http://urlz.fr/pYH
Titre: explored - crédit photo: Alex sur Flickr - http://urlz.fr/D0L - http://urlz.fr/pYH
L’Institut Miskatonic d’études sur le fantastique entamera le 7 octobre prochain sa nouvelle saison à la salle Microcinéma située dans le Mile-End. Cet organisme à but non-lucratif dédié à l’enseignement du genre de l’horreur en littérature et au cinéma est un lieu de rencontre privilégié entre les milieux académique et culturel montréalais.

L’institut doit son nom à l’auteur de récits d’horreur américain Howard Phillips Lovecraft, qui lui-même avait imaginé dans une de ses nouvelles « l’Université Miskatonic ». Fondé en 2010 par l’auteure et programmatrice Kier-La Janisse, le Miskatonic a pour codirecteurs Mario DeGiglio et Kristopher Woofter, tous deux chercheurs, critiques et pédagogues.

Depuis quatre ans, cette équipe multidisciplinaire propose à ses étudiants une programmation contenant près de vingt conférences et événements animés par des spécialistes du genre de l’horreur, tant à l’échelle locale qu’internationale. On pense ici au réalisateur américain Stuart Gordon et à son compatriote scénariste Dennis Paoli, le duo derrière le film culte Re-Animator (1985), qui a inauguré le tout premier cours de l’institut avec une classe de maîtres dédiée au processus d’adaptation des textes d’Howard Phillips Lovecraft au cinéma.

Cet exemple d’interaction entre théorie et pratique est au cœur de la démarche de l’organisme, qui a pour mandat d’offrir aux aficionados du genre une approche critique complémentaire à leur savoir personnel. Longtemps reléguée à la sphère geek, l’horreur est maintenant bien établie dans la culture populaire et le cursus académique alors qu’une pléthore d’ouvrages lui est dédiée et que plusieurs départements lui consacrent des séminaires. La formation du Miskatonic ausculte elle aussi des problématiques du genre horrifique, que ce soit le corps violenté à l’écran ou la dualité entre abjection et plaisir chez le spectateur.

Nul besoin d’être un expert du genre pour assister aux cours : seules la curiosité et l’ouverture d’esprit sont requises. Il en faut certainement lorsqu’on met les pieds pour la première fois au Microcinéma, situé dans le Mile-End, un endroit minuscule qui regorge d’objets inusités, parfois macabres. Une multitude de vidéocassettes, de livres poussiéreux et de jouets détraqués ornent ses murs.

Un bémol toutefois : tout ce qui touche à la littérature et au cinéma dit « de genre » est, de façon très générale, plus ancré dans la tradition académique anglo-saxonne que francophone. La programmation du Miskatonic reflète cette tangente, prévoyant en moyenne une conférence francophone chaque année. Le 2 décembre prochain, l’historien de l’art et sociologue québécois Maxime Coulombe animera la session Petite philosophie du zombie basée sur son ouvrage paru en 2012 aux Presses universitaires de France.