Le projet est né lors d’un voyage de recherche au Pérou du cocommissaire de l’exposition et chargé de cours au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Sebastiàn Ferrero. Il a habité près d’un mois dans la maison de l’artiste, sur l’invitation du fils de celui-ci. « Dans son atelier, j’ai pu constater qu’il y avait de véritables archives méconnues, investies de tous les projets de restauration au Pérou depuis les années 1960, raconte-t-il. J’ai pu aussi voir sa production artistique, des centaines d’œuvres, un musée Pimentel qui s’active dans sa propre maison. »
L’étudiante à la maîtrise en muséologie à l’UdeM Catherine Gadbois-Laurendeau, qui a participé à l’élaboration du parcours et à la révision des textes de l’exposition, accorde à Pimentel : le pouvoir de la ligne une profondeur dans sa thématique. « Ce que je trouve intéressant, c’est que l’artiste était très engagé dans la sauvegarde du patrimoine architectural, précise-t-elle. Les enjeux qu’il y a entre restauration et développement, ce sont des enjeux qu’il y a en muséologie. »
Une vie en deux temps
Dans un premier volet de l’exposition, le spectateur peut découvrir la vie de l’artiste à travers sa formation d’architecte en Italie ainsi que ses premières œuvres et activités en tant que conservateur. Cette section se clôt par la signature de la Charte de Venise*, moment clé dans la vie de Victor Pimentel Gurmendi. Une deuxième section est consacrée à son travail de retour au Pérou. « Cette partie nous plonge dans cet univers de la restauration patrimoniale, explique M. Ferrero. L’artiste s’est battu contre le processus de reconstruction des villes qui détruisait des bâtiments importants. »
L’exposition se penche sur la production picturale de l’artiste dans un troisième volet. Une production qui ne va jamais s’arrêter, selon M. Ferrero. « Ce qui est intéressant, c’est qu’on a essayé d’établir des contacts entre le monde scientifique et ce qui est abstrait, commente-t-il, en faisant référence au nom de l’exposition. La ligne est traitée de manière systématique pour l’architecture et est en quelque sorte déchaînée pour le côté artistique. »
Exposition pédagogique
D’après M. Ferrero, une partie du public visé est constituée d’étudiants en aménagement et en histoire de l’art et c’est pour cela que le choix du lieu s’est porté sur le centre d’exposition de l’UdeM. « L’œuvre de Pimentel s’articule très bien dans des mouvements de la modernité au Pérou, relève-t-il. Découvrir ce personnage et son parcours peut devenir stimulant pour les étudiants. »
Pour l’étudiante au doctorat en histoire de l’art Flavie Boucher, qui participe au montage de l’exposition, l’apprentissage se situe au niveau technique. « Dans mon domaine, on parle beaucoup des objets, on conceptualise, remarque-t-elle. C’est très intéressant de pouvoir travailler avec nos mains. On comprend beaucoup mieux les dessous d’une exposition. »
Œuvres inédites
Dans la multitude d’archives exposées, plusieurs éléments demeurent fragiles et inédits, comme des photos d’époque prises par des photographes péruviens. « Elles n’ont jamais été vues ni exposées, affirme M. Ferrero. On va voir des plans d’architecture, de conservation, des plans qui n’ont été jamais publiés. » Par exemple, les visiteurs pourront découvrir les premiers plans de la ville de Cuzco au Pérou.
*La Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, 1964
Exposition Pimentel : le pouvoir de la ligne
Du 20 octobre au 17 décembre
Centre d’exposition de l’UdeM | Entrée libre