Un, deux, trois… pianos !

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Par Léa Saad
mardi 8 octobre 2019
Un, deux, trois… pianos !
(Crédit Jacob Côté)
(Crédit Jacob Côté)
Après deux pianos endommagés lors de leur transport de l’Allemagne vers le Canada, le troisième, un Steinway Hambourg de modèle D, est arrivé intact à l’UdeM. Deux membres de la Faculté de musique expriment l’intérêt musical et universitaire que suscite cet instrument.

Si le projet de remplacement du piano de la salle Claude-Champagne a débuté en 2011, il a fallu attendre décembre 2018 pour que le nouvel instrument y prenne place. « C’est une initiative du secteur piano », rapporte le professeur à la Faculté de musique Jean Saulnier. Le pianiste a lancé la campagne « Talent à partager » afin de financer entièrement le projet. Grâce à l’organisation de récitals, les dons se sont élevés à 300 000 $, selon lui.

Lorsque le budget a été atteint, le musicien indique qu’une équipe composée de professeurs et d’un technicien est allée sélectionner l’instrument en Allemagne. « Une fois qu’ils l’ont choisi, ils étaient unanimes : c’était le piano du siècle », affirme l’étudiant au programme Interprétation-piano à la Faculté de musique Medhi Ghazi.

Deux échecs plus tard

Le premier piano est arrivé cassé en novembre 2017. « En arrivant ici, il y a eu un problème à l’aéroport, explique Medhi. Puis l’équipe est repartie en Allemagne, où ils en ont choisi un deuxième, puis ça a été la même chose. » Cette seconde tentative n’est pas passée inaperçue. Lorsque le piano est arrivé endommagé le 22 mars, il a fallu annuler le concert inaugural, déjà prévu. « Il y avait toute sorte de rumeurs dans la Faculté de musique », ajoute Medhi.

M. Saulnier explique que le mystère autour de l’accident persiste. « On a vu que la boite a été endommagée, note-t-il. Mais on ne sait pas qui a fait ça ni quand. » Le professeur ajoute que ce sont les assurances de Steinway qui ont pris en charge les coûts.

Lorsque le troisième piano est arrivé, Medhi raconte que personne n’avait le droit d’y toucher, et ce, jusqu’à l’inauguration. « Il était gardé comme un trésor, dit-il. Pour l’instant, ce sont seulement les élèves de niveau maitrise et doctorat qui y ont accès. » Ayant eu l’occasion de jouer à l’inauguration, Medhi a été le premier à l’essayer. « Il y avait quasiment une file d’attente d’élèves qui attendaient pour connaître le verdict : « Il a l’air de quoi ce piano ? » »

Un intérêt universitaire

Medhi ajoute que tous les élèves à la maîtrise et au doctorat font leur récital de fin d’année, à savoir leur examen final, sur ce piano. « Avant les récitals, on a le droit à des répétitions pour connaître l’instrument », assure l’étudiant. Il précise que c’est sur ce piano que les élèves font leurs enregistrements. « Cela peut servir dans des dossiers pour les bourses, pour des concours et pour des auditions, poursuit-il. La qualité du piano peut faire une très grande différence entre un dossier retenu et un dossier refusé. Et les Steinway Hambourg sont les meilleurs sur le marché. »

Medhi explique qu’il faut un certain temps pour s’habituer à ce type d’instrument. « Au début, c’est toujours un petit choc, avoue-t-il. C’est comme si tu voyais en noir et blanc et tout d’un coup, tu as accès à toutes ces couleurs-là. C’est un instrument avec beaucoup de corps dans le son, mais c’est toujours rond ! » Pour lui, ce piano permet de découvrir les œuvres sous un autre angle.