Un demi-siècle plus tard

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Par Alice Mariette
mercredi 27 janvier 2016
Un demi-siècle plus tard
Illustration Marie-Claude Légaré
Illustration Marie-Claude Légaré

En 50 ans, qu’est-ce qui a changé ? L’équipe du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques a découvert « par hasard » que 2016 marque les 50 ans de sa création (voir p. 10-11). Elle constate par la même occasion que ce Département a connu une croissance exponentielle. Des nouveaux cours, des nouvelles façons d’enseigner, des nouveaux diplômes. Et aussi, évidemment, un nombre croissant d’étudiants.

En 50 ans, qu’est-ce qui a changé ? Il y a cinq décennies, l’UdeM se dotait de son premier recteur laïc, Roger Gaudry. Ce moment marque aussi l’arrivée des baby-boomers dans les salles de classe. L’UdeM, qui comptait 6 000 étudiants en 1942, en enregistre plus de 9 000 en 1965, selon les chiffres officiels de l’Université. Tous les effectifs augmentent pendant cette période : étudiants, professeurs, personnel de soutien. L’augmentation n’a pas cessé depuis, puisque l’UdeM accueille aujourd’hui près de 40 000 étudiants. Une croissance exponentielle là aussi.

Mais, un élément semble venir changer la donne : le ralentissement démographique. Les baby-boomers de cette époque ont depuis longtemps quitté les bancs d’école et 50 ans plus tard, la population du Québec est vieillissante. Une réalité confirmée par le professeur au Département de démographie de l’UdeM Jacques Légaré (voir l’entrevue p. 12).

Il y a 50 ans, notre Université a dû construire de nouveaux bâtiments pour accueillir le nombre grandissant d’étudiants (les travaux du pavillon Maximilien-Caron, Lionel-Groulx et du 3200 Jean-Brillant débutent en 1968) et on constate aujourd’hui qu’elle doit se préparer à faire face à l’effet inverse!

Moins de jeunes, moins d’inscrits

Pourtant, aujourd’hui, l’UdeM construit encore. Que va devenir le futur campus Outremont – et les 350 millions de dollars qu’il coûte – si les étudiants manquent ? Si l’UdeM a fait l’acquisition de l’ancienne gare de triage d’Outremont pour y installer un campus flambant neuf, c’est avant tout pour répondre aux besoins d’espace. Alors qu’actuellement le campus de la montagne souffre d’une pénurie de place, il va bientôt souffrir d’une pénurie d’étudiants.

Moins d’étudiants, moins de droits de scolarité perçus. L’Université pourrait être contrainte d’augmenter ces derniers. Résultat : toujours plus d’inégalités face à l’accès à l’éducation. Et tellement d’autres problèmes évidemment. Alors que le gouvernement continue son désinvestissement dans l’éducation, le problème se pose. Investissement plus important dans le monde de la santé, contre manque de moyens dans les universités.

Recruter à l’international

Pour enrayer une chute des inscriptions dans les années à venir, l’UdeM doit-elle tout miser sur le recrutement international ? Si l’ouverture aux étudiants étrangers n’est pas nouvelle, elle va devenir cruciale prochainement. Il faudra, plus que jamais, séduire dans les autres pays.

Séduire oui, mais encore faut-il que le Québec sache garder les étudiants après leur passage à l’université. Dans le bilan démographique 2015 publié par l’Institut de la statistique du Québec, on peut lire : « la croissance devrait […] ralentir, dans un contexte de vieillissement démographique toujours plus accentue? […] la migration internationale assurerait alors à? elle seule la croissance démographique. » Dans la province, la proportion de ceux qui s’installent à l’issue de leurs formations s’élève à près de 33 %*. Pourtant, en plus de représenter un atout certain pour l’économie, les talents étrangers sont une opportunité de contrer le vieillissement de la population. L’UdeM peut bien tenter de séduire à l’étranger, mais elle ne peut pas tout faire seule. Québec a un rôle à jouer.

Ah oui, au fait, une autre chose fête ses 50 ans en 2016 : le logo de l’UdeM !

* Selon L’urgence d’agir pour attirer et retenir les meilleurs étudiants internationaux à Montréal, Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, septembre 2014, p.29.