Un chaudron de sauce brune

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Par Pascaline David
mardi 31 août 2010
Un chaudron de sauce brune

À grand déploiement de roulements d’osties de tambours et de hot-dogs Michigan, Simoniaques Théâtre présente, en deuxième prise, l’étonnant univers imaginé par Simon Boudreault autour d’un chaudron de sauce brune. Menée avec brio par l’Omnipotent Sacre, la pièce déclenche surprises, hilarité et pluie d’ovations. Bienvenue au cœur du Québec, derrière le décor de la cafétéria de la polyvalente.

« Le tofu, c’est pas un substi-tout, c’est un fromage. C’est mou, c’est blanc, ça goûte la dèche, c’est un fromage ! » énonce, entre autres croyances tout aussi délicieuses, Armande (Johanne Fontaine), l’incrédule chef-cook de la cuisine de la cafétéria. Conceptrice culinaire expérimentée d’un menu à base de ragoût de boulettes, riz frit, egg rolls, fish and chips, pâté chinois et improbables versions de gâteau blanc, Armande est aux prises avec une (combientième) plaidoirie du comité de parents d’élèves pour des repas plus équilibrés. Armande craint de perdre son poste, et elle ne veut crissement pas décrisser.

L’environnement : une cuisine aux murs saturés de termes socialement prohibés. Une chef-cook et trois assistantes cuisinières : à chacune son échelle de sacres. Les favoris ? Ostie et criss. Il y a Cindy (Marie-Ève Pelletier), qui fourre dans les toilettes du Pacini, Martine (Catherine Ruel) et sa criss de face de Bambi qui passe dans la souffleuse, et Sarah (Anne Paquet), qui se torche généralement de tout jusqu’au milieu du dos. Pourtant, sous un langage cru et représentatif d’un Québec qui n’a rien à prouver, se cachent des individus qui se laissent affecter, qui éprouvent, et qui maîtrisent la métaphore avec une expertise hors du commun. Il faut souligner l’impeccable performance des comédiennes, qui ont le monologue/dialogue bien garni de formidables étrangetés de toutes natures.

Poète de l’Impossible, Simon Boudreault offre une pièce tragicocomique aux allures de laboratoire psycho-social : un chef-d’œuvre à tous niveaux.

  « Quand la vulgarité est si grande qu’elle frôle la poésie. 

Voir la vie en brun. Rire de l’humour brun.

Une création est un cri, une expérience,

Une caresse,

Un voyage, un risque, un quelque chose

De surtout unique. »

– Simon Boudreault

« T’essaies-tu de te gagner le crisse de prix Métrostar de la Paix, ostie ? »

– Armande, chef-cook.

Sauce Brune est présentée par Simoniaques Théâtre à l’Espace Libre jusqu’au 11 septembre 2010.