Un campus hétéroclite

icone Campus
Par Charlotte Biron
mardi 8 mars 2011
Un campus hétéroclite

Passerelle surélevée, entrée étouffante, tour culminante, espace vert intimiste, le campus de l’UdeM est hétéroclite. Jacques Lachapelle, professeur d’architecture aguerri, analyse les trajets de trois étudiants afin de révéler les hauts et les bas du paysage architectural de leur quotidien.

Textes de Charlotte Biron et de François Sabourin

Les meurtrières de Lionel-Groulx. (Photo : Valérie Fiset-Sauvageau)

 

L’entrée étouffante du 3200 jean-brillant. (Photo : Valérie Fiset-Sauvageau)

Place de La Laurentienne

L’étudiant en sciences sociales profite de l’unique stationnement à étages du campus, le garage Louis-Colin. Le béton en bandes décrochées ou texturées par des lignes verticales dynamise (ou brutalise, c’est selon) les allées et venues sur la rue Jean-Brillant.

Au-dessus, Samuel-Bronfman détonne. Il est le plus récent des pavillons qui encerclent la Place de La Laurentienne. «Contrairement aux autres dans le coin, c’est un pavillon pensé de l’intérieur. C’est pour ça que vous vous sentez mieux là-bas», résume Jacques Lachapelle pour les amateurs de livres et de nuits blanches. Et vive les 1000 places de lecture éparpillées !

Inévitable, l’entrée du 3200 Jean-Brillant en satisfait peu. Jacques Lachapelle explique que les architectes ont favorisé une approche graduelle, comme à la Faculté d’aménagement. Le résultat est étouffant. Peu de gens souhaitent se glisser sous une masse de béton et de brun.

L’étudiant en sciences sociales est d’ailleurs noyé sous le béton. Entre Lionel-Groulx, Maximilien-Caron et le 3200 Jean- Brillant, les étudiants évoluent dans un décor de béton et de briques issu des années 1970. «Il fallait faire parler le béton. Faire crier le béton », défend tant bien que mal Jacques Lachapelle. En plus, les menaçantes meurtrières de Lionel- Groulx s’apparentent à une forteresse médiévale. Et le béton persiste à l’intérieur. «Faut que t’affirmes ta poutre», blague Jacques Lachapelle.

 

La façade de verre des ateliers de la Faculté d’aménagement. (Photo : Vincent Allaire)

Faculté d’aménagement

Du métro, l’étudiant de la Faculté d’aménagement se rend d’abord jusqu’à l’arrière du bâtiment. Espace vert plutôt que stationnement, la cour rend l’arrivée agréable. C’est qu’on a creusé cinq étages sous le pavillon des HEC pour y entasser les voitures.

Le bâtiment se compose architecturalement autour de la passerelle, au fur et à mesure que l’on approche. «L’accueil des usagers commence dès la cour», juge favorablement M. Lachapelle. Même à l’intérieur, nous restons surélevés, jusqu’à ce que le passage rejoigne le niveau de l’ancien bâtiment. Le passage fait le pont entre ce dernier et la construction récente qui abrite les ateliers.

Le jour, si l’étudiant lève les yeux, il voit s’ériger le reflet de la tour du pavillon Roger-Gaudry sur la façade de verre des ateliers. Le soir, il pourra observer ses collègues s’affairer dans les ateliers. Les architectes y ont pensé.

Peu invitant, le corridor de tapis roulants. (Photo : Vincent Allaire)

L’atrium de jean-Coutu. (Photo : Fabrice Debris)

Au bout du tunnel, le paysage du nord de l’île s’ouvre. (Photo : Valérie Fiset-Sauvageau)

 

Pavillon Jean-Coutu

L’étudiant en pharmacie sort de la station de métro Université-de-Montréal pour s’engouffrer dans un autre tunnel. Jacques Lachapelle trouve peu de mots pour décrire ce corridor de tapis roulants qui ne fait que servir une fonction, comme justement beaucoup d’espaces sur le campus qui servent à la circulation. Des entre-deux peu confortables.

Au bout du tunnel, passé la porte, le paysage du nord de l’île s’ouvre. Derrière lui, le pavillon Roger-Gaudry et sa tour le surplombent de 82 mètres. Massif, il fait 280 m de long. Phare de l’UdeM, le pavillon principal influence comme peu de bâtiments le paysage du mont Royal.

Par contre, le garage Louis-Colin et les voitures jurent. Selon Jacques Lachapelle, peu d’efforts ont été fournis pour permettre de profiter de la vue et de l’espace. Selon lui, il serait facile de réaménager pour le mieux. Plus de vert, quelques bancs, un belvédère, etc. Cependant, la voiture tend à prendre le dessus.

Arrivé devant le pavillon Jean-Coutu, l’étudiant en pharmacie peut profiterd’un aménagement extérieur intime, propice, lorsqu’apparaissent les bourgeons,à être utilisé par des étudiants en quête de verdure. Notre expertobserve qu’il s’agit de l’ambiance que l’architecte Jean-Claude La Haye espéraitcréer. Il est aussi responsable de la Place de La Laurentienne et a revule campus en 1970. À l’intérieur du pavillon, l’atrium est ouvert sur deuxétages et est baigné de lumière par deux grandes fenêtres.

Merci à Bertrand Rougier, étudiant en Design de l’environnementà l’UQAM, pour son aide et son vocabulaire.