Tu es un faucon, une buse

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Par Charlotte Biron
mercredi 8 décembre 2010
Tu es un faucon, une buse

Chère Gina,

Lors de notre dernière séance, ma voyante m’a annoncé que j’allais rencontrer mon âme soeur très prochainement. Elle m’a assuré qu’il étudiait avec moi et qu’il était quelque part, caché dans un cours, sur une chaise près de moi, m’espérant depuis toujours. Ces derniers jours, j’ai donc été très attentive aux mouvements des mâles qui m’entouraient. Mais, il y a trop de gestes indiquant une affection débordante chez mes voisins masculins : on m’ouvre la porte, on tousse dans ma direction, on me demande l’heure… Gina, Noël se jette à ma porte, et j’ai besoin du spécimen idéal pour vivre heureuse éternellement et pour enfin présenter quelqu’un à ma famille. Gina, comment découvrir quel est le mien ?

– Une jeune femme aux aguets

Excellente question. Je te sens agressive, mue d’un mood semblable à celui d’un chacal fonceur. Change tout de suite ton attitude. Tu es un faucon, une buse. Observe d’abord. Tu as du pain sur la planche, la marmite est en branle, les carottes sont à couper : tout est à faire, jeune femme aux aguets. Première erreur, tu ne m’as pas donné ton signe astrologique. Tout d’abord, tu dois découvrir vers quel signe te porte le plus naturellement le tien. Un sondage maison subtil te permettra d’éliminer les personnalités qui ne te conviennent pas – demande à tous les hommes de ton programme leur signe ET leur ascendant, of course ! Voilà pour la première étape : il faut réduire ton bassin de possibilités. Si tu es du genre travaillante, attelle-toi et note aussi exhaustivement les champs d’intérêt de chaque mâle pour éliminer ceux avec qui tu ne partages strictement rien (en écartant, évidemment, le domaine d’étude de ses intérêts).

J’ai déjà eu un rancard avec un gars qui étudiait en entomologie, qui trippait sur le baseball et qui fumait des cigares. Gina a testé pour toi : si tu n’as rien en commun avec ta future tendre moitié, même les nuits les plus torrides ne compenseront pas deux heures de dissertation sur les orthoptères de la famille des Tettigoniidae d’Amérique du Nord. La moitié du travail est déjà derrière toi. Pour la suite, on flushe la méthode scientifique. Jeudi matin prochain, installe-toi près de la porte d’entrée de ta salle de cours et entame une période de cruisage intensive avec celui qui entrera entre 8 h 26 et 8h28. Oh que non! rien d’arbitraire là-dedans : cela montre le caractère organisé, réfléchi, mais non excessif d’un homme ponctuel et intéressé par ses études. La suite : courriel, café, téléphone, restaurant, promenade dans le Vieux-Port, libre à toi. Une autre réussite pour toi et Gina Caretta. Et pour tous tes autres maux de coeur et questions, continue d’écrire à Gina.

 

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