Trop de choix c’est comme pas assez

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Par Valérie Paquet
mercredi 2 octobre 2013
Trop de choix c'est comme pas assez
(Illustration: Mélaine Joly)
(Illustration: Mélaine Joly)

Depuis plusieurs années, Montréal connaît une véritable effervescence dans le monde des festivals de musique et il ne cesse d’en apparaître de nouveaux. Pourquoi ces festivals se multiplient-ils dans la métropole?

 

Une île fertile

Montréal est internationalement reconnue pour ses festivals et ses manifestations culturelles en tout genre. Les festivals de musique, des plus grands et commerciaux aux plus petits et émergents, représentent une part importante de ce lot d’événements. « Sur une soixantaine de festivals soutenus par la Ville de Montréal, 17 d’entre eux sont dédiés à la musique, ce qui représente 30 % de l’ensemble, indique le commissaire au Bureau des festivals et des événements culturels de la Ville de Montréal, Alain Petel. Il est toutefois difficile de compter le nombre total de festivals de musique tant le paysage est en mutation constante.

Le tourisme rend Montréal particulièrement fertile à ce genre d’événements. « On annonce aussi Montréal comme une ville de festivals », souligne le chargé du cours de logistique des événements culturels à HEC Montréal et fondateur de l’entreprise de production événementielle Les trois producteurs, Benoît Bilodeau. Il semble donc y avoir une volonté politique de faire en sorte que les festivals fonctionnent. »

Le fondateur du festival OFF Jazz, Lévy Bourbonnais, est du même avis. Il considère le fait que Montréal soit une ville hautement cosmopolite a également un rôle important à jouer. « Le multiculturalisme contribue certainement au nombre de festivals musicaux comme la population, la démographie et le tourisme aussi, soutient-il. Montréal a une vision très touristique favorable aux festivals. »

Le caractère international et cosmopolite de Montréal expliquerait donc en partie pourquoi son territoire accueille autant de festivals musicaux.

 

Une définition large

Qu’est-ce qu’un festival en 2013 ? « C’est large comme terme, indique M. Bilodeau. Quand on parle de festivals, on parle nécessairement de rassemblements. Il y a aussi quelque chose à voir avec la récurrence. Le fait que ça revient d’année en année.»

Cette appellation représente une grande variété de formules : des événements sur plusieurs jours dans un seul endroit et d’autres restreints sur une seule journée dans différents lieux. Tous veulent être considérés comme festival, et il est donc difficile de donner à ce terme une définition universelle.

M. Bilodeau considère par ailleurs qu’il existe deux types distincts de festivals. « On a le concept d’organisme à but non lucratif (OBNL), qui regroupe beaucoup de festivals », indique le chargé de cours. Il donne pour exemple les Francofolies et Mutek. « Dans un deuxième temps, on a ceux qui sont davantage à but lucratif, dit-il. On peut penser à Osheaga, par exemple. Le but de ces organisations est de faire de l’argent. »

Pour M. Bourbonnais du festival OFF Jazz, tout réside dans la concentration des spectacles. « La définition va surtout se jouer au niveau du temps, dit-il. Ça peut être huit ou dix concerts, mais plusieurs jours de suite. Il faut chaque soir offrir quelque chose aux spectateurs et qui fait partie d’une programmation. »

La définition très large du terme festival favorise grandement la multiplication de ceux-ci. Seul le fait d’avoir un événement sur plus d’une journée permet de le proclamer comme festival.

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Le festival OFF Jazz a été créé par des musiciens jazz de la scène montréalaise qui se sentaient pas représenté par le Festival International de Jazz de Montréal. (Photo: Courtoisie OFF Jazz)

Passion ou opportunité d’affaires?

L’OFF Jazz, qui aura lieu du 3 au 12 octobre prochain, est né il y a plus d’une dizaine d’années de l’initiative de musiciens québécois qui se trouvaient peu représentés au sein du Festival International de Jazz de Montréal. « Qui critique s’implique, stipule Lévy Bourbonnais. On a décidé de faire un festival un peu plus pour nous. » Selon lui, même s’ils se multiplient, les festivals musicaux ne sont pas nécessairement des machines à profit, et les instigateurs le font probablement pour l’amour de la musique plutôt que pour faire fortune. « Les festivals de musique fonctionnent, mais c’est plus une passion, pense-t-il. On ne fait pas ça pour le motif économique. On ne fait pas beaucoup d’argent avec ça. »

Benoît Bilodeau est du même avis que le fondateur de OFF Jazz. « Je ne pense pas que ces gens-là gagnent leur vie à faire ça, donc c’est vraiment plus dans une vision de propager la musique, d’attirer une clientèle et de la lui faire découvrir », mentionne-t-il.

 

Même si les festivals musicaux ne sont pas tous profitables économiquement parlant, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas profitables pour la Ville, selon M. Bilodeau. « Notre ville est vue comme une ville créative. Cette création de festivals montre la santé créative de Montréal, dit-il. Des gens croient en leurs produits musicaux et en viennent à se regrouper et à mettre sur pied des festivals, et ce, bien souvent avec les moyens du bord.»

Si la passion des créatifs Montréalais est un point central de l’effervescence des festivals musicaux dans la métropole, l’attrait touristique de Montréal et sa population haute en couleurs ne font que renforcer son image et lui permettent de s’épanouir et de créer l’industrie que l’on connaît aujourd’hui.