To speak english et étudier en français

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Par Alizée Dagort
lundi 25 septembre 2017
To speak english et étudier en français
Après avoir complété son cégep en anglais, l’étudiant en traduction Carlos A. Pérez Santes a décidé de poursuivre ses études universitaires en français. Photo : Laura-Maria Martinez
Après avoir complété son cégep en anglais, l’étudiant en traduction Carlos A. Pérez Santes a décidé de poursuivre ses études universitaires en français. Photo : Laura-Maria Martinez
Selon une étude publiée cet été par l’Office québécois de la langue française, les étudiants québécois dont la langue maternelle est l’anglais choisissent de plus en plus de fréquenter des universités francophones. À l’échelle de la province, le nombre d’anglophones ayant fait ce choix a augmenté de 83 %* depuis 2002.

Avec ses 1 321 étudiants** qui déclarent l’anglais comme langue maternelle, l’UdeM n’échappe pas à cette tendance. L’étudiant au baccalauréat en traduction Carlos A. Pérez Santes fait partie de ceux qui ont délaissé la langue de Shakespeare pour étudier en français. C’est la force des programmes de langues de l’Université et leurs constantes améliorations qui ont, avant tout, conquis le jeune homme. « Pour moi, une université ou une autre, il n’y a pas de différence, déclare-t-il. Je me fie plutôt au programme. » Il considère que la réforme du baccalauréat en traduction, implantée au trimestre d’automne 2017, rend ce parcours encore plus intéressant.

C’est vrai que j’aurais pu vivre dans une bulle anglophone, mais je n’aurais jamais compris Montréal. » Kirstie McAllum Professeure au département de communication

Pour intégrer le programme, Carlos a d’abord suivi des cours de français et de latin afin de perfectionner son niveau de langue. Une décision qu’il reconnaît toutefois être un véritable défi, car le français est sa troisième langue. L’étudiant en année préparatoire en sciences Liam Crosthwaite s’est également soumis à cette épreuve. « J’aime bien parler une deuxième langue ; le français m’a beaucoup aidé, plus que je ne l’aurais imaginé », précise-t-il. Un avantage rencontré tant sur le marché du travail que lors de ses voyages.

Bien qu’il s’estime maintenant très heureux d’avoir choisi l’UdeM, Liam redoutait la rentrée. « Avant d’arriver au Québec, j’étais nerveux à l’idée de ne pas pouvoir rencontrer d’autres personnes, de ne pas savoir comment me présenter », avoue l’étudiant. La barrière de la langue ne s’est toutefois pas révélée contraignante à ce niveau.

Selon la directrice générale du Service de l’admission et du recrutement, Michèle Glémaud, la politique de recrutement est devenue plus intensive au cours des deux dernières années. « On a eu des échanges avec les doyens de nos facultés, et on s’est dit qu’il fallait être plus actif au niveau des cégeps anglophones, détaille-t-elle. On a fait des études et remarqué que plus de 50 % des élèves de ces cégeps avaient étudié dans un contexte francophone auparavant. »

Une politique assumée par l’UdeM comme Mme Glémaud le confirme. « Notre préoccupation, c’est de montrer que l’UdeM est toujours à la recherche d’une diversité d’étudiants, affirme-t-elle. Des étudiants qui peuvent venir de l’international, mais également des cégeps anglophones pour avoir une plus grande richesse, ça fait partie de notre stratégie globale. » Avec une augmentation de 5,8 % des demandes d’admission provenants des cégeps anglophones cette année, elle juge que la stratégie s’est avérée payante.

Travailler en anglais

Lors de son arrivée en août 2013, la professeure au Département de communication Kirstie McAllum ne parlait pas français. « Je recevais du courrier professionnel que je ne comprenais pas », admet-elle. L’Université lui a donc offert des cours particuliers de français, à raison de quinze heures par semaine. Un défi considérable puisqu’elle devait enseigner en français quatre mois plus tard. Si collègues et étudiants ont su se montrer compréhensifs et encourageants, Mme McAllum concède qu’il lui a d’abord été difficile d’accepter les critiques relatives à son accent et son vocabulaire limité. « C’est comme si mon identité professionnelle était remise en question. », avoue-t-elle.

Kirstie McAllum a participé cette année à son premier colloque en français. Cette expérience et ces rencontres avec d’autres chercheurs n’auraient pu être possibles auparavant. « Je pense que je suis meilleure chercheuse ici, affirme-t-elle. C’est vrai que j’aurais pu vivre dans une bulle anglophone, mais je n’aurais jamais compris Montréal. »

Carlos A. Pérez Santes, Liam Crosthwaite et Kirstie McAllum ont tous déclaré avoir choisi d’intégrer l’UdeM pour perfectionner leur maîtrise du français, étudier ou travailler dans le programme de leur choix et augmenter leurs chances de trouver un emploi. Des avantages que semblent donc rechercher de plus en plus d’anglophones au sein des universités francophones québécoises.

* Selon l’étude «Langue et éducation au Québec» de l’OQLF, juin 2017

** Selon les chiffres obtenus auprès de l’UdeM.