Tiens-toi droit!

icone Societe
Par Coralie Mensa
mercredi 11 décembre 2013
Tiens-toi droit!
«Se tenir voûté avec le cou tiré en avant entraîne l'utilisation des muscles peu adaptés à une station prolongée, et donc amène une contracture de ces-dits muscles.» – MONA MARTIN physiothérapeute au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP). (Crédit photo : Pascal Dumont)
«Se tenir voûté avec le cou tiré en avant entraîne l'utilisation des muscles peu adaptés à une station prolongée, et donc amène une contracture de ces-dits muscles.» – MONA MARTIN physiothérapeute au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP). (Crédit photo : Pascal Dumont)

Mal au cou, au dos ou au poignet ? Cela vient peut-être de la posture adoptée devant votre ordinateur portable. Nombreux sont les étudiants, à la maison comme à l’université, qui ne prêtent pas attention à leur posture devant un ordinateur, jusqu’à en ressentir des douleurs. Toutefois, la bonne posture n’existe pas : l’essentiel est d’en changer souvent.

«J’ai eu deux tendinites au poignet à cause de la façon dont je tapais à l’ordinateur pendant que je faisais mon DEC», assure l’étudiant en informatique à l’UdeM Alexandre Saint-Louis-Fortier. Le cas d’Alexandre est extrême, mais loin d’être unique. «Au moins 60% de ma clientèle étudiante vient me consulter pour des douleurs liées à l’utilisation de l’ordinateur, explique la physiothérapeute au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP) Mona Martin. Ça peut être des douleurs cervicales, dorsales, à l’épaule, au poignet ou bien aussi des maux de tête. Cela peut devenir très gênant, jusqu’à empêcher d’étudier parce que la douleur diminue la concentration et augmente la fatigue.»

Mieux à l’Université qu’à la maison

Les douleurs sont peu liées à l’usage de l’ordinateur à l’Université, principalement parce que l’étudiant y est installé à un bureau, sur une chaise. Autrement dit, dans de bonnes conditions. Néanmoins, l’équipement pourrait être mieux pensé pour cette utilisation. « À l’Université, normalement, je n’ai pas de douleurs à cause de cela, certifie l’étudiante en sciences biologiques Elsa Brunet. Par contre, dans certains locaux où les sièges sont fixés à une certaine distance de la table et ne peuvent pas s’en rapprocher, c’est un peu plus difficile.»

L’étudiante en pharmacie Sophie Thériault partage le même constat. « Dans certains pavillons comme à Roger-Gaudry ou à Claire-McNicoll, je trouve qu’on est assis plus bas que l’ordinateur, ce qui n’est pas super pour les bras et les tendinites. Je trouve que certains locaux nécessiteraient une amélioration à ce niveau-là.» La physiothérapeute du CSCP reconnaît que beaucoup de salles sont plus ou moins adaptées. Selon elle, les chaises à bras sont très mauvaises pour les étudiants qui se trouvent ainsi toujours trop loin ou trop près de la table. «Idéalement, il faudrait des chaises qui s’ajustent en hauteur», recommande- t-elle.

Quand l’Université réaménage des salles de cours, elle choisit le nouveau mobilier en fonction de deux critères : la durabilité et le confort. « Le confort englobe l’ergonomie, et c’est vraiment un critère qui est prédominant, parce qu’on ne veut pas avoir des étudiants qui manquent de productivité ou qui se plaignent d’inconfort», explique l’architecte à la Direction des immeubles (DI) Jean- Philippe Cyr. Depuis 2010, l’UdeM a mis en place de nouvelles normes liées au mobilier afin de tenir compte de l’utilisation d’ordinateurs. Toutefois, ces modifications ne s’appliquent pas à toutes les installations. «C’est du cas par cas dépendamment de la vocation de la pièce à aménager, souligne le directeur de la Division gestion de projets de la DI, Claude Olivier. On ne fait pas un grand nombre d’aménagements, et en plus on réutilise le même ameublement, les budgets étant ce qu’ils sont.»

Une fois chez eux, les étudiants se montrent plus négligents. L’utilisation de l’ordinateur portable sur le divan, dans le lit ou même par terre engendre de mauvaises postures propices à causer des douleurs. «À la maison, ça m’arrive souvent d’avoir des douleurs au bas du dos ou au cou quand je n’utilise pas l’ordinateur sur une table, mais seulement quand je suis dans mon sofa et que j’ai l’ordi sur mes cuisses, admet l’étudiante en sciences biologiques. C’est vrai que je ne fais pas toujours attention.»

Dominer l’ordinateur

En cours comme à la maison, l’important n’est pas d’être tout le temps positionné de façon idéale devant son ordinateur, mais de s’accorder des micropauses de repos. «L’important est de faire des pauses et de bouger, ne serait-ce que de détacher les yeux de l’écran une minute ou deux, prendre le temps de respirer et changer de position, recommande la physiothérapeute Mona Martin. L’étudiant s’apercevra ensuite qu’il est plus efficace et mieux concentré. L’essentiel est de ne pas se retrouver dans une mauvaise position trop longtemps.»

Mme Martin explique qu’une mauvaise posture fait en sorte que les articulations sont toujours en contrainte et que les muscles qui devraient nous supporter et nous stabiliser ne sont pas ou peu actifs. «Se tenir voûté avec le cou tiré en avant entraîne l’utilisation des muscles peu adaptés à une station prolongée, et donc amène une contracture de ces-dits muscles», indique-t-elle. Une mauvaise posture peut entraîner une raideur cervicale, un point dans le dos, une fatigue lombaire. D’où la nécessité de prendre des pauses et de se replacer dans une position neutre et sans contrainte plusieurs fois par jour. Si la mauvaise posture est répétée de façon continue, elle peut amener à des douleurs chroniques selon l’individu. Celles-ci peuvent disparaître si la personne y consacre le temps et se fait aider de la bonne façon.

L’étudiant en informatique Alexandre Saint-Louis- Fortier est venu à bout de ses deux tendinites au poignet avec du temps et de la patience. «C’est parti juste en faisant attention à ma posture: avoir le dos droit et les poignets pas tordus, assure-t-il. Quand ça devient douloureux, je change de position. Par exemple, j’alterne entre le pavé tactile et la souris.»

Le stress des études, le manque d’activité physique, la surcharge de travail sont des facteurs qui rendent les étudiants plus vulnérables et susceptibles de ressentir des douleurs. Mais Mona Martin tient à dédramatiser la situation. «C’est important que l’étudiant ne s’inquiète pas et qu’il ne culpabilise pas parce que ces douleurs ne sont pas des blessures graves», affirme la physiothérapeute. Selon elle, les douleurs ne sont souvent que des contractures musculaires, guéries après une bonne nuit de sommeil.

 

Conseils pour bien se tenir devant L’ordinateur (au moins quelques minutes par heure) :
• S’installer à une table
• Avoir une bonne assise avec un bon équilibre
• Maintenir le dos droit avec, idéalement, les épaules contre un dossier
• Garder les deux pieds au sol
• Supporter les poignets et les coudes
• Positionner l’écran au niveau des yeux (sans lever le menton)
• Faire une pause toutes les heures pour bouger et bien se repositionner