The Punishment of Gaza

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Par Morgane.Roussel-Hemery
mercredi 29 septembre 2010
The Punishment of Gaza

Gaza… Un bel après-midi propice à de longues promenades familiales : malgré l’occupation israélienne, les Palestiniens continuent à vivre. Soudain, le son tonitruant d’une explosion interpelle Jamal. Ses deux fils, Mohamad et Mahmoud, sont restés sur le terrain de football non loin de là. Il accourt pour les rejoindre, en priant qu’aucun des deux ne fut atteint par l’attaque. Mais en voyant la tête écrasée de son fils, il comprend que «c’était fini pour lui». Que s’est-il passé ? Selon Tsahal1, l’enfant tentait de ramasser un qassam2 situé à dix mètres de lui. Ces histoires, qui composent le quotidien des Gazaouis, nous sont relatées dans le livre The Punishment of Gaza, du journaliste israélien Gideon Levy. Né à Tel-Aviv en 1955, cet ancien conseiller de Shimon Peres3, est aujourd’hui journaliste dans le quotidien israélien Haaretz. Son ouvrage est la synthèse de ses articles publiés entre 2006 et 2009, principalement axés sur la bande de Gaza.

Dans ceux-ci, l’auteur dénonce vivement l’occupation et le blocus israélien sur ce territoire. Il met aussi à jour les différents « incidents » commis par Tsahal qui ont causé de nombreux morts du côté palestinien. Même si la description des ignominies commises par les soldats israéliens peut sembler lourde à certains moments, on comprend rapidement l’objectif du journaliste : raconter, sensibiliser et mobiliser une opinion publique israélienne passive et béate devant la propagande de l’État.

Pourtant, Israël est lui-même un État belliqueux, comme le démontrent les nombreux articles de Gideon Levy, où il décrit l’opération « Plomb durci» contre la bande de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009. Dans ses textes, il ne cesse d’attendre que ses compatriotes israéliens disent « Ça suffit » aux investigateurs du conflit. Espoir vain, puisque l’opération «Plomb durci» s’achève sur un échec de l’État juif, qui ne se traduit que par un durcissement des positions de chaque bord : un Hamas plus avide de résister face à une nation juive toujours plus inquiète du développement des organisations terroristes palestiniennes.

Ces énumérations auraient pu être seulement factuelles. Mais Gideon Levy sait user d’ironie et de dérision afin de rappeler à l’État sioniste qu’il ne subit pas uniquement les attaques palestiniennes, mais qu’il a aussi le sang d’innocentes victimes sur les mains. En effet, un cinquième des morts de la guerre de Gaza sont des enfants. C’est ici que se retrouve le véritable intérêt de cet ouvrage : lire un Israélien qui dénonce les injustices perpétrées par son pays. Il refuse aussi de justifier les horreurs envers les Palestiniens par la Shoah, un massacre en légitimant un autre, où les victimes du premier se considèrent plus blessées que les secondes, et inversement. C’est ce cercle sans fin que Gideon Levy tente de briser par ses écrits.