Tempête annoncée dans une bouteille d’eau

icone Campus
Par Mathieu Mireault
mercredi 30 novembre 2011
Tempête annoncée dans une bouteille d'eau
Marc-Élie Lapointe, coordonnateur chez UniVertCité, aimerait un campus sans bouteilles d’eau en plastique. (Crédit photo : Mathieu Mireault)
Marc-Élie Lapointe, coordonnateur chez UniVertCité, aimerait un campus sans bouteilles d’eau en plastique. (Crédit photo : Mathieu Mireault)

Les bouteilles d’eau Aquafina que l’on retrouve en vente dans les cafés étudiants de l’UdeM sont peut-être vouées à disparaître. En effet, le contrat de distribution d’eau embouteillée de PepsiCo, la multinationale connue pour vendre la boisson gazeuse Pepsi, prend fin en juin 2012.

L’UdeM va-t-elle renouveler le contrat avec la multinationale ? Pour des raisons environnementales, il pourrait être préférable que ce ne soit pas le cas.

« L’eau embouteillée est 2000 fois plus polluante que l’eau courante », explique Marc-Élie Lapointe, coordonnateur chez UniVertCité, le groupe environnemental de la Fédération étudiante des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAECUM). Les bouteilles d’eau sont faites à partir d’un dérivé du pétrole et prennent environ 500 ans pour se décomposer.

Marc-Élie Lapointe, coordonnateur chez UniVertCité, aimerait un campus sans bouteilles d’eau en plastique. (Crédit photo : Mathieu Mireault)

Marc-Élie Lapointe milite afin que l’UdeM ne renouvelle pas son contrat d’eau embouteillée. «Si l’on considère que l’on paye l’eau avec nos taxes, l’eau embouteillée coûte entre 200 à 10000 fois plus chère que l’eau courante », dit-il. Une bouteille d’eau de 591 millilitres coûte deux dollars sur le campus.

La direction de l’UdeM et le bureau exécutif de la FAECUM, deux organisations impliquées dans les négociations du nouveau contrat, n’ont pour leur part pas encore pris de position officielle sur ce dossier.

Une question de coût…

« L’UdeM est consciente des préoccupations des étudiants dans le dossier du renouvellement du contrat d’eau embouteillée. La direction prend en considération leur opinion », explique Flavie Côté, conseillère principale des relations avec les médias de l’UdeM. Nous devons aussi considérer les profits possibles engendrés par ce contrat», rajoute-t-elle, tout en soutenant qu’il est présentement impossible d’estimer les profits réalisables par l’entente. Le contrat, qui prend fin l’an prochain, a rapporté un peu moins de neuf millions de dollars en treize ans [voir encadré].

… et de santé

L’UdeM estime qu’il est aussi important de prendre en compte la santé des étudiants avant de se positionner.

Si jamais la vente de bouteille d’eau est bannie du campus, les étudiants pourraient être tentés de se désaltérer avec des jus de fruits ou des boissons gazeuses.

Ce point de vue est soutenu par la coordonnatrice aux affaires universitaires de la FAECUM, Maude- Marquis Bissonnette. «Nous avons à cœur de réduire la consommation d’eau embouteillée sur le campus, explique-t-elle. Il faut toutefois soupeser les pour et les contre. On ne voudrait pas que les étudiants soient obligés de consommer des boissons sucrées à la place des bouteilles d’eau.» Pourtant, le conseil central de la FAECUM a adopté une résolution pour un campus libre d’eau embouteillée en 2010. Avec cette résolution, la Fédération s’engage à supprimer la vente d’eau embouteillée de ses évènements d’ici un an.

Défendant le droit de boire de l’eau, car «il ne faut pas payer pour s’hydrater », Marc-Élie Lapointe rejette l’argument des boissons sucrées.

« Plusieurs études ont démontré que lorsque les gens n’ont pas accès à de l’eau embouteillée, ils vont trouver une source alternative, comme des fontaines, pour boire de l’eau, dit-il. Les gens qui achètent des bouteilles d’eau ne veulent pas boire une boisson sucrée, ils veulent se désaltérer.» En attendant que la FAECUM et les dirigeants de l’UdeM se positionnent, Marc-Élie Lapointe promet de sensibiliser la communauté étudiante pour que les négociations ne deviennent pas qu’une simple tempête… dans une bouteille d’eau en plastique.

Histoire tumultueuse

« L’affaire Pepsi » remonte à 1999, lorsque l’UdeM a octroyé un contrat de distribution exclusif avec PepsiCo pour 10 ans. Pour détenir ce droit d’exclusivité, PepsiCo devait payer 644 000 $ par année en plus de contribuer 233 800 $ annuellement à divers programmes de soutien aux étudiants, pour un total de 877800 $. Des revenus considérables pour l’UdeM.

L’attribution du contrat a pris une tournure amère lorsqu’il est devenu évident que les objectifs de ventes n’allaient pas être atteints.

L’UdeM a donc dû prolonger le contrat de distribution d’exclusivité avec PepsiCo pour trois ans. Avec ce nouveau contrat, qui prendra fin en juin 2012, PepsiCo n’a pas payé ses droits d’exclusivités et ses contributions aux programmes de soutien aux étudiants depuis les trois dernières années.