Ta vie, ta secte

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Par Edith Pare-Roy
mardi 5 avril 2011
Ta vie, ta secte

Vous ressentez une soudaine envie de spiritualité ? Vous avez du temps, de l’énergie et beaucoup d’argent à dépenser ? Réfléchir vous ennuie, et vous préférez que d’autres le fassent pour vous ? Alors, suivez le guide : Quartier Libre vous aide à choisir une secte.

À Montréal, plusieurs options s’offrent à vous. Parmi la crème de la crème des organisations sectaires, nous retrouvons l’Église de Scientologie, l’Association pour la conscience de Krishna et l’Église adventiste du septième jour. Mieux vaut bien sélectionner sa secte, puisqu’il est plus facile d’y entrer que d’en sortir.

Les sectes en bref

L’association pour la conscience de Krishna se plaît à visiter de façon spectaculaire les métros de Montréal. Des disciples habillés en pagne indien orange fluo y chantent le mantra «Hare Krishna, Hare Rama » afin de célébrer la gloire de leur dieu et de la partager au noncroyants.

L’Église adventiste du septième jour s’inspire du protestantisme et annonce le retour du Christ sur Terre. Selon les adventistes, le Christ décidera alors du sort des êtres humains, envoyant au ciel les « justes » et éliminant les « perdus », c’est-à-dire ceux qui ont péché.

La scientologie s’adresse aux personnes qui désirent «s’améliorer» en suivant des cours payants durant lesquels elles doivent lire des ouvrages du fondateur, Ron Hubbard. Plus l’élève avance dans son apprentissage, plus il se rapproche de la spiritualité et du bonheur. On estime à plus de 400 000 $ le coût d’une «formation» complète.

Ce qu’ils vous offrent :

Association pour la conscience de Krishna

Dans l’immédiat:

Elle présente l’avantage de la facilité. Il ne suffit que de répéter le mantra «Hare Krishna» 1728 fois par jour pour atteindre un état spirituel synonyme de bonheur pour les disciples du mouvement. La délicieuse nourriture végétarienne offerte chaque dimanche soir dans le temple de Montréal présente également un avantage de taille.

À moyen terme:

Les Hare Krishna peuvent se purifier des péchés commis avant leur adhésion à la secte. Selon eux, il suffit «de renoncer en toute conscience aux plaisirs des sens, de devenir maître de son mental, de faire des dons charitables et de chanter de façon régulière».

Dans l’au-delà :

Il est possible pour les Hare Krishna, tout comme les hindouistes et les bouddhistes d’arrêter le cycle de la réincarnation en libérant l’âme du corps. Selon leurs croyances, tout être vivant change de forme après son décès. En vivant une existence au service de l’âme, perçue comme supérieure au corps, ce cycle peut enfin se terminer.

L’Église adventiste du septième jour

Dans l’immédiat :

Comme pour tous les chrétiens, les adventistes suggèrent une façon toute simple de ressentir «paix, joie et espérance»: la prière. La Parole de Dieu procure également un réconfort immédiat. Chanceux, ils profitent aussi d’une journée «libre» par semaine (le samedi), vouée à l’amour de Dieu.

À moyen terme :

En menant une existence conforme à leur foi, les adeptes bénéficient d’un mode de vie sain. Des études, dont une menée par le National Institute of Health aux États-Unis, montrent notamment que leur espérance de vie dépasse celle de la moyenne américaine.

Dans l’au-delà :

Les adventistes peuvent être désignés comme «justes» par le Seigneur. Lors du retour du Christ, ils habiteront «une résidence définitive et un cadre de vie idéal pour une existence éternelle faite d’amour, de joie et de progrès.» Cette nouvelle terre ressemblera à une commune de hippies, sans le LSD et la promiscuité.

L’Église de Scientologie

Dans l’immédiat :

Peu d’avantages sont donnés d’emblée, car il faut «progresser» en suivant les cours. À la première rencontre, il est possible de passer un test de personnalité comportant 200 questions. Ensuite, un scientologue propose des cours «adaptés», c’est-à-dire la lecture des oeuvres de Ron Hubbard.

À moyen terme :

Les scientologues gèrent mieux leur vie personnelle, ainsi que leurs émotions grâce aux enseignements de leur maître. Ils peuvent «aspirer à une plus grande liberté spirituelle dans le but d’être heureux.» Chaque niveau franchi équivaut à un pas de plus vers l’Être suprême.

Dans l’au-delà:

L’Église de Scientologie présente différentes options après la mort, selon les niveaux franchis (et l’argent dépensé) par le membre. Si ce dernier est parvenu au plus haut niveau, il peut arrêter le cycle de la réincarnation. Un scientologue un peu moins avancé choisit ses parents et certains éléments de sa prochaine vie.

Le prix à payer

Mode de vie :

En joignant l’une des trois sectes décrites, on doit mettre de côté la bière du vendredi soir (et toutes les autres), faire une croix sur la débauche et les drogues et même dire adieu au café.

Les activités tournent autour de la spiritualité. En plus de lire les textes sacrés quotidiennement, il faut partager ses croyances avec les autres, idéalement les endoctriner. Adventistes, scientologues et Hare Krishna ne peuvent se mêler entre eux ou avec les personnes d’autres confessions.

La plupart des Hare Krishna vivent en communauté dans un temple. Une vie parallèle à la foi est déconseillée. Par contre, il est possible d’être seulement « sympathisant » de Krishna, grâce à des dons.

Les scientologues doivent s’impliquer dans leur Église, surtout financièrement. Ils peuvent continuer à travailler s’ils respectent le mode de vie scientologue. Il en va de même pour les adventistes, qui doivent consacrer beaucoup de temps à leur communauté sans devoir y vivre 24 heures sur 24.

Amour et sexualité

Ces organisations interdisent le mariage avec une personne d’une autre confession. Il faut également tomber amoureux pour l’éternité puisque le divorce est proscrit.

Ces sectes condamnent l’homosexualité et la bisexualité.

Pour les Hare Krishna et les adventistes, les activités sexuelles sont permises uniquement dans le cadre de la reproduction. L’Église de scientologie présente un point de vue moins clair sur la question. Officiellement, une femme et un homme mariés peuvent avoir des rapports sexuels. Par contre, certains écrits d’Hubbard relient le sexe à la douleur et à l’impureté, ce qui amène certains scientologues à refuser toute sexualité.

Argent

Ces trois organisations essuient de nombreuses critiques par rapport à leurs pratiques financières. L’Église de scientologie se fait accuser d’escroquer ses membres. L’Association pour la conscience de Krishna, quant à elle, se remet à peine de graves scandales financiers reliés à des détournements d’argent. L’Église adventiste est riche, comme les deux autres sectes. Cela s’explique par l’obligation de contribution financière : ses membres lui donnent le dixième de leur salaire (la dîme).