Sur un air de littérature

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Par Anastasia Nicolas
lundi 26 septembre 2016
Sur un air de littérature
L’OUM a performé plusieurs fois à l’Église Saint-Jean Baptiste qui accueille des concerts de musique classique, des spectacles de danse et de théâtre. Crédit photo : Rose Carine Henriquez
L’OUM a performé plusieurs fois à l’Église Saint-Jean Baptiste qui accueille des concerts de musique classique, des spectacles de danse et de théâtre. Crédit photo : Rose Carine Henriquez
Pour sa 23e saison, l’Orchestre de l’UdeM (OUM) offrira une rentrée musicale placée sous le signe des belles-lettres. Il jouera le 7 octobre prochain à l’Église Saint-Jean-Baptiste de Montréal, La Force des mots, un nouveau concert alliant musique symphonique et littérature.
« L’aspect poétique en arrière fait partie d’un tout, ce n’est pas à négliger. En tant qu’artiste, se nourrir de toutes les formes d’arts me semble important. » François D’Anjou-Pomerleau, étudiant à la maîtrise en interprétation et trompettiste

Sous la direction du chef d’orchestre invité, Paolo Bellomia, les 70 étudiants-musiciens de l’OUM devront apprendre à concilier deux formes d’art. « Cette idée est le pur fruit du hasard, avoue M. Bellomia, également professeur de direction d’orchestre et responsable du secteur de direction à la Faculté de musique. J’ai d’abord choisi les œuvres, et en remarquant qu’elles étaient presque toutes inspirées de la littérature, nous avons décidé que ce serait le thème de notre concert. »

L’exercice se révèle être un apprentissage enrichissant et rigoureux. « Quelle que soit la pièce, il est nécessaire de connaître l’époque, le contexte, le message, et l’association s’il y a lieu, comme ici avec la littérature », avance l’étudiante à la maîtrise en interprétation et clarinettiste Charlotte Layec, qui participe au concert.

Un avis partagé par son collègue, l’étudiant à la maîtrise en interprétation et trompettiste, François D’Anjou-Pomerleau, dans l’OUM depuis cinq ans. « L’aspect poétique en arrière fait partie d’un tout, ce n’est pas à négliger, souligne-t-il. En tant qu’artiste, se nourrir de toutes les formes d’arts me semble important. Personnellement, ça m’a permis d’avoir plus de finesse dans ma façon de jouer. » Selon l’étudiante au baccalauréat en interprétation et violoniste, Françoise Côté, connaître le message porté par l’œuvre permet de mieux jouer, de mieux comprendre la forme et la façon de l’interpréter.

Le vif intérêt que porte M. Bellomia à deux grands auteurs de la littérature française a également motivé la sélection des compositeurs. « C’est en partie pour Baudelaire que j’ai choisi Der Wein de Berg, confie-t-il. La pièce reprend trois poèmes de l’auteur, traduits en allemand par Stefan George. » Quant à Ce qu’on entend sur la montagne du compositeur Liszt, un poème de Victor Hugo en est à l’origine. « Dans cette œuvre, il a construit des leitmotivs qui correspondent aux idées d’Hugo. C’est aussi ce qu’a fait Wagner pour Eine Faust-Ouvertüre, explique M. Bellomia. Bâtir des leitmotivs à partir d’un texte était sa grande particularité . »

Réunir l’art des mots et des sons

Si pour le chef invité la première chose qui importe est de jouer correctement la partition, l’œuvre littéraire derrière la pièce ne doit pas être mise de côté pour autant. « Comprendre l’œuvre à partir de laquelle la pièce a été écrite est nécessaire pour que la musique puisse exprimer toute la tension que les compositeurs voulaient », déclare-t-il.

L’étudiante au doctorat en composition Evelin Ramón présentera une création originale lors du concert. Selon elle, mêler musique et littérature est une manière de confondre deux mondes harmonieux. « La littérature et la musique ont constamment été unies, développe-t-elle. Parler de cette relation m’amène à mentionner l’opéra et ses nombreux feuillets inspirés d’œuvres littéraires, qui montrent clairement le lien entre les deux. »

La pièce qu’elle a composée est d’ailleurs inspirée du poème Requiem pour une amie de l’écrivain autrichien Rainer Maria Rilke. « J’ai essayé de nourrir le processus de création par ce qui m’a le plus touché dans le texte, explique Evelin. Le compositeur français Pierre Boulez disait que le processus de création d’une œuvre littéraire l’influençait plus que l’œuvre en elle-même. » Cette idée l’a fait réfléchir sur ce que les compositeurs pouvaient transmettre dans une œuvre basée sur la littérature.

La force des mots par l’Orchestre de l’UdeM (OUM) 

Église Saint-Jean-Baptiste | 309, rue Rachel

Concert gratuit

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