Son mot à dire

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Par Thomas Martin
jeudi 13 décembre 2018
Son mot à dire
Les francophones doivent arrêter de se voir comme David contre Goliath. (Crédit photo : Wikimedia.com I zeller.de)
Les francophones doivent arrêter de se voir comme David contre Goliath. (Crédit photo : Wikimedia.com I zeller.de)

Ces derniers temps, les francophones cristallisent l’attention. Qu’ils soient en Ontario à protester contre les compressions budgétaires du premier ministre Ford ou à dénoncer l’utilisation abusive de l’anglais à l’UdeM, ils symbolisent l’opposition historique de la minorité face à la majorité. Vous l’aurez compris, les raisons de cette attention sont loin d’être réjouissantes. Mais ne nous laissons pas abattre par le pessimisme ambiant.

Bomber le torse

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est formelle1 ; le français est la seconde langue la plus enseignée dans le monde, la quatrième la plus utilisée sur Internet et la deuxième langue d’information internationale dans les médias. Une place de choix à l’international et des raisons d’être optimiste quant à l’avenir de notre langue.

D’après un responsable de l’OIF2, le nombre de francophones pourrait tripler à l’horizon 2050, passant de 220 millions aujourd’hui à 715 millions. La majorité se trouverait alors en Afrique, mais le poids démographique en ferait la deuxième ou troisième langue la plus parlée dans le monde.

Des initiatives sont à saluer. La plateforme Érudit, qui propose gratuitement du contenu de recherche en sciences humaines et sociales en français, a récemment reçu un prix pour célébrer sa contribution à la francophonie (p. 2).

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, est allé jusqu’à réitérer sa volonté de prendre des cours de français après le tollé suscité par l’annonce récente de suppressions dans les services en français ! On va éviter de tomber dans le panneau de la communication de M. Ford, mais toute cette histoire montre le poids de la minorité franco-ontarienne.

La force du nombre

Lorsqu’un professeur d’une classe composée à plus de 85 % d’étudiants francophones donne son cours en anglais, comme le relate l’étudiante à la maîtrise en physique de l’UdeM Stéphanie Codsi3, on se dit qu’il y a un problème. Ce sentiment tenace de constamment faire partie de la minorité, sans déranger, en restant à sa place.

En Ontario, le premier ministre ne démontre pas un enthousiasme exacerbé pour la langue de Molière, et c’est une euphémisme ! Il a l’attitude typique du dominant qui néglige la minorité.

Pour les personnes souhaitant étudier en français au Canada, la situation diffère d’une province et d’un territoire à l’autre. Les étudiants, de Moncton à Winnipeg, sont confrontés à diverses problématiques pour y arriver (p. 11). La considération de ces problématiques ne semble pas être la priorité des gouvernements.

Changer de mentalité

Alors non, je ne verserai pas dans l’optimisme ou le pessimiste à outrance. À l’université comme ailleurs, les défis sont multiples, mais il faut arrêter de se voir comme David contre Goliath. Le français a son mot à dire.

Et pour ceux qui s’inquiètent, rassurez-vous, il est encore loin le temps où l’on vous forcera à parler anglais pour étudier à l’UdeM.

1. Organisation internationale de la francophonie (OIF), La langue française dans le monde, 2014. 2. L’Express, « Non, le français ne sera pas la langue la plus parlée en 2050 », 26 mars 2014. 3. Lapresse.ca, « Le recul du français à Montréal », 4 décembre 2018.