Somalie : 11M$ pour gérer un pays

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Par Sebastien.Bouthillier
mercredi 15 septembre 2010
Somalie : 11M$ pour gérer un pays

Le budget de la Somalie est inférieur au gros lot du Lotto Max, qui était de 15 M$ CA la première semaine de septembre. À ce montant, nombre de Québécois ne penseront même pas à acheter un billet, puisque le gros lot dépasse souvent les 30 M$ CA. Et pourtant, les autorités de ce pays de la Corne de l’Afrique ont dû composer avec l’équivalent de seulement 11 M$ US en 2009.

Le Financial Times, en collaboration avec Foreign Policy, classe annuellement les États du monde dans son Failed States Index. Ainsi, en 2010, la Somalie arrive au premier rang des pays en déliquescence. Sur la douzaine d’indicateurs du classement, dix indiquent une cote supérieure à neuf (le classement inclut les décimales) et quatre atteignent le score de dix sur une échelle graduée jusqu’à… dix.

Les deux seules sources de revenu du gouvernement de la Somalie proviennent des taxes aéroportuaires prélevées sur les passagers (351920 $ US) et des frais de douanes (6,2 M$ US) pour les navires qui mouillent l’ancre dans le port de Mogadiscio ; enfin ceux qui arrivent à éviter les pirates du golfe d’Aden. La guerre civile et le chaos sur de larges zones du territoire, de même que les luttes entre factions rivales, empêchent la collecte des impôts.

Les salaires constituent les principaux postes de dépense : Ils se chiffrent à 9,8 M$ US. Par exemple, la solde des militaires défalque le budget de 6 M$ US à elle seule. Le président de la Banque centrale ne gagne que 1 000 $ US tous les ans, tandis que le chef de cabinet du président obtient une rétribution d’à peine 250 $ supplémentaires. À eux seuls, le premier ministre et le président de la République ont un budget d’un demi-million de dollars, mais 300 000 $ US sont dépensés en frais de voyages diplomatiques.

En comparaison, les revenus du Québec s’élèvent à un peu plus de 62 G$ CA en 2009-2010 ; ceux du Canada s’établissaient à 233,1 G$ CA en 2008 — 2009. Sans compter le salaire de Carey Price : 2 M$ US cette année et 3 M$ US l’année prochaine. Le budget de fonctionnement de l’Université de Montréal pour la présente année scolaire se chiffre à 633,9 M$ CA. Quant à la commission Bastarache, le gouvernement estimait au début des travaux qu’elle coûterait 6 M$ CA…

Avant même de convertir en dollars canadiens les montants indiqués en dollars états-uniens, l’écart paraît exorbitant. Avec si peu de ressources, pas étonnant que le gouvernement peine à contrôler son territoire et à subvenir aux besoins primaires de sa population : sécurité, soins et assistance. Après quoi, les chancelleries occidentales redoutent une recrudescence de la menace terroriste dans cette région de l’Afrique.