« I l est tout à fait normal que cette question suscite des recherches universitaires, c’est l’objet même de la musicothérapie, explique le musicologue et professeur titulaire à la Faculté de musique de l’Université Laval Marc-André Roberge. Au même titre que la présence d’animaux, la musique pourrait aider les gens à surmonter leurs problèmes. »
La musique aurait cependant des répercussions différentes sur le stress dépendamment de ceux qui la pratiquent et de ceux qui l’écoutent. Si la musique peut détendre les mélomanes, elle peut également être une source de tension pour les musiciens, selon M. Roberge. « Le stress des échéances, le devoir de performer devant un public, la nécessité de partir de chez soi peuvent causer toutes sortes de désagréments » , explique-t-il.
Sans compter que la pratique d’un instrument de musique peut également être une source de tension pour le corps. « Un musicien qui tient son violon pendant quatre heures en répétant des mouvements minuscules peut éprouver de graves douleurs, confie M. Roberge . Ils doivent enseigner le jour, jouer dans une salle de concert le soir ; la musique est une discipline très éprouvante une fois de l’autre côté de la barrière. »
À savoir si la musique est susceptible de réduire le stress chez les étudiants en musique qui sont sans cesse en train d’en écouter, la Dre Nathalie Gosselin n’a pas encore de réponse. « C’est une excellente question, d’ailleurs j’ai prévu d’explorer l’effet de variables individuelles telles que l’éducation musicale sur l’influence de la musique sur le stress » , explique-t-elle.
La musique occupe une place importante dans la vie de l’étudiant au baccalauréat en composition instrumentale Nikolaï Miletenko. « En passant tout notre temps à faire de la musique, nos détentes passent par d’autres moyens que la musique, en marchant, en faisant du sport », explique-t-il. L’étudiant parvient tout de même à se détendre parfois par le biais de la musique, quand il en produit en dehors de ses cours. « Je suis guitariste rock à la base, donc revenir aux sources ça fait du bien », livre-t-il.
L’étudiant au baccalauréat en musique — écriture Alex Bouchard n’utilise pas la musique pour se détendre. « Je n’écoute pas tant de musique par moi-même, explique-t-il. C’est certain qu’il y en a sur mon milieu de travail, ou que j’en écoute quand je fais la vaisselle ou lors de partys entre amis, mais si j’ai envie de décrocher, je joue à des jeux vidéo sur l’ordinateur. Pourtant, comme j’étudie en musique classique, je connais un bon répertoire de musique qui serait idéal. »
Selon M. Roberge, la façon dont on écoute de la musique jouerait également un rôle dans la diminution du stress. « Pour se détendre, la scène n’a rien de comparable à l’écoute de musique sur MP3, dit-il. Quand vous avez l’impression que la chanteuse vous regarde droit dans les yeux, tout devient spécial, et là dans cette salle de concert, vous vous sentez bien. » Pour Alex, les concerts ne sont pas forcément une manière de se détendre sachant que ses collègues et amis se produisent régulièrement sur scène.
*Nathalie Gosselin mène actuellement une étude avec son équipe au Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS), pour tenter de répondre à la question suivante : « La musique peut-elle être un moyen d’atténuer les effets du stress sur la santé ? »