Slogan à double sens

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Par Ethel Gutierrez
mercredi 18 septembre 2013
Slogan à double sens
Le CEPSUM a fait appel à des utilisateurs du complexe sportif pour ses campagnes de publicité. (crédit photo: Pascal Dumont)
Le CEPSUM a fait appel à des utilisateurs du complexe sportif pour ses campagnes de publicité. (crédit photo: Pascal Dumont)

C’est la première fois que le CEPSUM doit retirer une campagne publicitaire devant les réactions des étudiants de l’UdeM. L’Université a donc été contrainte de débourser 4000 $ de plus pour procéder aux modifications des affiches.

Dès que le personnel du CEPSUM a eu vent des critiques, il est immédiatement intervenu. En trois jours, le changement était effectué et un nouveau slogan a pris place au complexe sportif. Les 4000 $ étaient nécessaires pour la réimpression des affiches et de certains dépliants. «Nous avons changé notre publicité, parce que cela a rendu inconfortables certaines personnes, déclare la directrice des programmes sportifs du CEPSUM, Manon Simard. On représente une belle grande institution. Si cela rend notre monde inconfortable, c’est-à-dire la communauté universitaire, peu importe d’où ça vient, il n’y pas de problème. On change le tout.»

Une publicité qui ne fait pas l’unanimité

Plusieurs affiches représentant des étudiants et des professeurs ont été exposées à l’intérieur et à l’extérieur du CEPSUM. On peut les voir en tenue sportive devant les installations du complexe. Une de ces affiches a suscité de vives réactions auprès des étudiants. L’affiche en question montre une jeune femme en maillot de bain, devant la piscine, accompagnée du slogan: J’ai un beau gros complexe.

Les commentaires négatifs ont qualifié cette image de sexiste et de dégradante. Des étudiants de l’UdeM se sont plaints à l’Université et au CEPSUM. La Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) a mis de la pression sur l’Université afin que celle-ci retire l’affiche et reprenne un nouveau slogan. ????«Nous ne nous attendions pas du tout à une telle réaction, déclare le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. Tout ce que nous voulions, c’était attirer la clientèle pour leur faire découvrir les nouvelles installations du complexe sportif.»

D’un autre côté, une grande majorité des étudiants n’y voient aucun message sexiste. Par contre, ils s’accordent tous pour dire que la présence d’une fille sur l’affiche avec un tel slogan est contestable. «Honnêtement, je ne trouve pas qu’il y a quelque chose qui choque dans cette affiche, affirme l’étudiant en médecine Amine Ann. Mais, je peux comprendre que certaines personnes puissent mal interpréter l’image, parce que c’est une fille qui se retrouve à côté du slogan et en plus en maillot de bain.»

L’objet de la discorde

Cette campagne de promotion a été créée par la firme Diobri Gestion Marketing. «Ils nous soumettent des campagnes, des propositions et nous font une recommandation basée sur certains nombres de paramètres et d’objectifs, affirme Manon Simard. Par exemple, à qui on s’adresse et de quelle façon. Nous collaborons avec eux depuis environ 10 ans.»

La publicité a tout d’abord été testée auprès de plusieurs groupes cibles qui circulent autour de l’UdeM et a été bien accueillie. Contrairement aux campagnes précédentes, celle-ci aborde un tout nouvel angle, puisque ce sont les personnes des affiches qui s’adressent au public. L’objectif de cette campagne est de convaincre la communauté universitaire de venir s’entrainer au CEPSUM, de faire du sport, de prendre soin d’eux et surtout de profiter de toutes les installations sportives présentes.

« Ce que l’on cherchait, c’était des gens qui ont une belle joie de vivre et sont en santé. Le jeu de mots complexe ne représentait pas le fait d’être gros, maigre, petit, laid, précise Mme Simard. On aurait pu prendre des nageuses de l’équipe des Carabins et on aurait eu des corps d’enfer sur les affiches. Notre mannequin bénévole représente donc une femme qui a l’air en santé puisqu’on s’adresse à la communauté universitaire. »

«La firme extérieure aurait dû prendre en considération la sensibilité importante qui se trouve auprès des jeunes femmes dans notre société actuelle, affirme le chargé de cours en marketing, Martin Proulx. Ils auraient dû faire davantage attention aux enjeux actuels». M. Proulx félicite le CEPSUM pour sa rapidité à faire face à ce malaise. Selon lui, cela contribue à donner une image positive de l’Université. «D’un côté, les gens qui ont été offusqués par l’affiche se sentent valorisés et pour les autres, cela leur démontre que l’université est à l’écoute de ses étudiants», estime le chargé de cours.

La campagne de publicité du CEPSUM n’a pas fait l’unanimité, mais elle aura au moins offert au complexe sportif de l’UdeM une visibilité certaine dans les médias. Le jeu de mots aura également servi à l’UdeM à mesurer son habileté en gestion de crise.