Si l’eau m’était comptée

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Par Katy Larouche
mercredi 14 janvier 2015
 Si l’eau m’était comptée
À ce jour, la consommation d’eau de l’UdeM est encore inconnue.
À ce jour, la consommation d’eau de l’UdeM est encore inconnue.
Chaque jour, une grande quantité d’eau circule dans les conduites de l’UdeM pour approvisionner les 70 000 membres de la communauté universitaire. Mais à combien de litres cela correspond-t-il ? L’UdeM, malgré ses efforts d’économie d’eau, ne saurait le dire avec précision. Cette situation est toutefois sur le point de changer, puisque l’installation prochaine de compteurs d’eau pourra l’aider à gérer de façon plus efficace cette ressource précieuse. Seulement, y arrivera-t-elle à temps ?

« Les institutions ont jusqu’en décembre 2016 pour installer les compteurs afin d’être en conformité avec le règlement de la Ville de Montréal », explique l’ingénieur au Service de l’eau de la Ville de Montréal, Gabriel Banica, qui est responsable d’accompagner les institutions montréalaises dans leur mise aux normes. Ça peut sembler long, mais il s’agit de gros travaux et il y a plusieurs étapes à franchir pour compléter cette installation. »

L’université doit d’abord faire parvenir des données techniques à la Ville qui indiquera alors à l’UdeM quels sont les travaux à effectuer pour préparer sa plomberie à l’installation de compteurs. Or, cette première étape qui a été soumise à l’UdeM en 2013 n’a pas encore été franchie. « S’ils ne remplissent pas les documents, ils risquent d’installer le mauvais équipement, ce qui engendrerait des coûts supplémentaires pour l’Université », précise Gabriel Banica.

Par la suite, la Direction des immeubles de l’Université devra préparer les plans et les devis afin d’effectuer les travaux, et de lancer un appel d’offres pour que ceux-ci soient réalisés avant que les plombiers de la Ville n’installent les compteurs sur les entrées d’eau.

Du côté de la Direction des immeubles de l’UdeM, on assure que le projet est en route et que les délais seront respectés. « Il y a un projet d’installation qui est évalué en ce moment afin de répondre dans les délais à la demande de la Ville de Montréal, précise le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. Les premières rencontres de planification auront lieu au début du mois de février, nous ne pouvons donc pas donner plus d’informations pour l’instant. »

Selon Gabriel Banica, l’Université peut encore répondre aux demandes de la Ville dans les délais, mais avec le temps qui passe, elle ne doit toutefois pas perdre une minute. D’ici là, toutefois, elle pourrait gaspiller beaucoup d’eau, sans même le savoir.

Gestion durable de l’or bleu

Les délais imposés par la Ville de Montréal sont prescrits par la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable, mise en place par le gouvernement québécois, qui demande aux municipalités de réduire de 20 % leur consommation d’eau. Comme les objectifs précédents n’ont pas été atteints, l’installation de compteurs est maintenant à l’ordre du jour.

« Les compteurs permettent aux grands consommateurs d’eau comme l’UdeM d’avoir des informations sur la quantité d’eau qu’ils utilisent, explique la professeure adjointe au Département de géographie, Kathryn Furlong. Cela permet par exemple de déceler des fuites d’eau dans les tuyaux qui peuvent engendrer beaucoup de gaspillage. »

Avec les outils de la Ville, l’UdeM pourra alors suivre sa consommation en direct sur Internet et déceler les variations. « Ils pourront, par exemple, observer si leur consommation est élevée durant la nuit, cela peut signifier que des équipements, comme des toilettes ou des lavabos fuient », illustre Gabriel Banica.

L’étudiant à la maîtrise en géographie à l’UdeM, Rodrigo Amado, qui prépare son mémoire sur la fluoration de l’eau, estime que ces informations pourraient être précieuses pour les étudiants en géographie. « Cela pourrait constituer une étude de terrain intéressante pour les cohortes, se réjouit-il. Quand on a des données fiables, les possibilités de recherche sont infinies. »

Le temps passe, l’eau coule

Selon le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion, l’Université accorde néanmoins déjà une attention particulière à l’économie d’eau. « Lorsque nous installons de nouveaux équipements, nous nous assurons que ceux-ci utilisent moins d’eau, précise-t-il. C’est aussi pour cette raison que les nouvelles toilettes et les robinets installés sont dotés d’œil magique qui permettent de ne pas gaspiller d’eau. »

Or, si l’UdeM se démarque réellement dans sa gestion durable de l’eau, l’installation de compteurs pourrait l’avantager. « L’eau n’est pas gratuite, explique Kathryn Furlong. Pour l’instant, tous les consommateurs de Montréal paient le même prix par leurs taxes, mais avec les compteurs, la facture pourra être en accord avec la consommation de l’utilisateur. »

La tarification n’est pas envisagée pour le moment, mais la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable prévoit que si la Ville n’atteint pas ses objectifs de réduction en 2017, elle devra commencer à facturer les institutions et les commerces.