séduire à l’étranger

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Par Myriam Boivin-Comtois
vendredi 14 février 2014
séduire à l’étranger
Le canada a la volonté d’accueillir le double d’étudiants et de chercheurs étrangers d’ici une vingtaine d’années. (crédit photo : Adil Boukind)
Le canada a la volonté d’accueillir le double d’étudiants et de chercheurs étrangers d’ici une vingtaine d’années. (crédit photo : Adil Boukind)

L’UdeM accueille de plus en plus d’étudiants et de chercheurs internationaux. Une nouvelle Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale dévoilée en janvier dernier par le ministre du Commerce international, Ed Fast, vise à en attirer encore plus au Canada. Toutefois, cela pourrait avoir peu d’impacts sur l’UdeM.

Le gouvernement fédéral a pour volonté de développer et de faciliter l’entrée d’étudiants internationaux au Canada pour atteindre 450 000 étudiants et chercheurs étrangers confondus d’ici 2022. Ottawa désire attirer les étudiants des marchés mondiaux émergents tels que le Brésil, le Viêtnam, l’Inde, la Chine et le Mexique.

La nouvelle stratégie pourrait contrevenir aux prérogatives québécoises en matière d’éducation. «Je ne comprends pas que le gouvernement fédéral se lance encore dans les plates-bandes du gouvernement du Québec, lance le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et des Technologies, Pierre Duschesne. La question de l’éducation est une responsabilité historique du Québec. Ça existe depuis des décennies, depuis l’élaboration de la doctrine Gérin-Lajoie. » Cette doctrine affirme que les compétences exclusives d’une province (culture, santé et éducation pour le Québec) devraient s’appliquer dans ses relations internationales.

Selon le ministre, la stratégie en éducation internationale mise de l’avant par Ottawa alourdit les structures préalablement en place. «Quand le fédéral va chercher des étudiants de l’étranger, on est d’accord, assure-t-il. Mais est-ce que le gouvernement fédéral va signer une entente avec un autre pays par-dessus le Québec alors que nous en avons déjà une? Cela amène un niveau de complexité incroyable.» Il rappelle que Québec versera 17,5 M$ en bourses et programmes de mobilité pour l’année 2013-2014 et a déjà négocié une quarantaine d’ententes internationales avec divers pays.

Le ministre s’insurge contre le fait que la stratégie doive répondre uniquement aux besoins immédiats des marchés. «Au Québec, on va aussi chercher des étudiants à l’étranger, on va en courtiser, en recruter, pas uniquement sur une base de marchés mondiaux, mais aussi parce qu’on veut qu’il y ait un partage du savoir et une collaboration entre divers pays sur des domaines de recherche », soutient le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et des Technologies.

Critères distincts

Le Québec et l’UdeM ont leurs propres critères de sélection pour choisir les étudiants. Après avoir obtenu sa lettre d’admission dans un établissement supérieur québécois, l’étudiant doit faire sa demande de Certificat d’acceptation du Québec (CAQ). «On parle plus de conditions requises plutôt que de critères de sélection, précise par courriel la chargée de communication du Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Karine Baribeau. Avant de satisfaire aux conditions d’immigration québécoise, l’étudiant doit satisfaire aux exigences d’admission du programme choisi.» Elle poursuit en indiquant que pour être admissible au CAQ, l’étudiant doit surtout être dans la capacité de couvrir financièrement son séjour au Québec.

Le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion, explique qu’un étudiant étranger doit répondre aux mêmes conditions qu’un étudiant provenant du Québec. «C’est certain que si les étudiants ont fait des études préalables dans une autre langue que le français, il faut également qu’ils soient capables de démontrer qu’ils ont un niveau de français acceptable pour suivre des cours», précise M. Filion. Ce critère pourrait limiter la venue au Québec de nouveaux étudiants visés par la stratégie fédérale.

L’UdeM rayonne

Le Bureau des étudiants internationaux (BEI) constate depuis trois ans une hausse des étudiants étrangers à l’UdeM. En 2011, 3 500 étudiants étrangers choisissaient d’étudier à l’Université alors qu’en 2013, le campus en comptait près de 5000. Un nombre qui dépasse l’objectif fixé par l’UdeM de 4000 étudiants pour 2015.

«Il y a différentes choses qui sont faites, mentionne Mathieu Filion. Par exemple, on va aller en France, animer des stands, on va recruter directement les étudiants.» Il mentionne que l’Université s’est également dotée d’un plan stratégique 2011-2015 visant à augmenter le nombre d’étudiants étrangers à l’Université en internationalisant davantage le campus.

Parmi eux se trouvent soit des étudiants en échange, soit des étrangers qui désirent suivre des études supérieures dans un autre pays. L’étudiante d’origine grecque au baccalauréat en sociologie Ines Benessaiah explique avoir été d’abord attirée par Montréal. « L’UdeM et McGill avaient le plus de prestige à l’international, explique l’étudiante. Je ne voulais pas trop étudier à McGill. Je me sentais bien plus à l’aise en français.»

La réputation de l’Université a aussi influencé l’étudiant en science politique d’origine française Nicolas Hubert. Il soutient avoir été attiré par l’image de marque de l’UdeM dans son choix pour effectuer un échange universitaire. «Je voulais avoir une expérience dans une université nord-américaine », avoue l’étudiant. Il avait choisi l’UQAM en priorité, mais après un mois de réflexion, il a changé son dossier pour entrer à l’UdeM, plus axée sur la recherche, et avec une meilleure renommée, selon lui.