Opération séduction

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Par Dominique Cambron Goulet
mercredi 27 novembre 2013
Opération séduction
« Il n’y a pas d’école pour devenir recteur. » - Guy Breton. (crédit photo : Pascal Dumont)
« Il n’y a pas d’école pour devenir recteur. » - Guy Breton. (crédit photo : Pascal Dumont)

Guy Breton est le 11e recteur de l’UdeM. Celui qui a succédé à Luc Vinet en juin 2010 est conscient que son rôle est peu connu. «Les étudiants ne savent pas ce que je fais», constate-t-il. Depuis les événements du printemps érable, le recteur tente de se rapprocher des étudiants.

Le recteur avoue que c’est seulement depuis le début de la session qu’il se sent à l’aise de se promener dans l’Université sans être accompagné de la sécurité à la suite de la grève étudiante. « Par moment, j’étais surveillé 24 heures par jour, relate- t-il. Ce sont des spécialistes de la sécurité et je dois respecter leur décision s’ils pensent que c’est mieux pour moi.»

Même si son mandat a été marqué de tensions Guy Breton en briguera un second en 2015. «J’adore ce que je fais et j’ai beaucoup de plaisir», assure-t-il. Il convient que les événements du printemps 2012 ont changé sa façon d’être recteur. «Il faut oser parler aux gens même si les sujets sont très désagréables, croit-il. Si c’était à refaire, j’aurais plus de contacts avec les étudiants, malgré les difficultés. J’avais mes agents de sécurité qui me disaient : “tu leur parles pas”, dit-il. Mais si je ne leur parle pas, on ne peut pas se comprendre. »

«J’adore ce que je fais et j’ai beaucoup de plaisir» – Guy Breton (crédit photo : Pascal Dumont)

«J’adore ce que je fais et j’ai beaucoup de plaisir» – Guy Breton (crédit photo : Pascal Dumont)

 

Une journée type

«Je commence ma journée aux environs de 8 heures, affirme le recteur. Mais je ne sais pas ce que je vais faire dans la journée au moment où j’arrive. On prend ça comme ça vient. Ça ne sert à rien de se stresser.» Un agenda de la journée est déposé sur son bureau par son assistante à son arrivée.

Une partie des réunions avec les vice-recteurs et les doyens sont prévues d’avance, mais le recteur dit qu’il ne sait tout de même jamais à quoi s’attendre. «Il n’y a pas une journée pareille et il y a beaucoup d’imprévus, confie-t-il. Il n’y a pas un jour sans qu’un des vice-recteurs m’appelle pour régler un problème.»

«La pire contestation, c’est le silence. » – Guy Breton. (crédit photo : Pascal Dumont)

«La pire contestation, c’est le silence. » – Guy Breton. (crédit photo : Pascal Dumont)

Le rôle de Guy Breton n’est toutefois pas de diriger l’équipe du rectorat. «Je ne fais pas de micromanagement, dit-il. On convient des objectifs ensemble et à chaque semaine on se réunit et ils me font un rapport pour me dire où ils en sont rendus et où je peux les aider.»

Le travail de recteur comporte également beaucoup de déplacements avec son chauffeur. «Je vais souvent à l’extérieur rencontrer des partenaires, explique M. Breton. Ce peut être des représentants des cégeps, d’autres universités ou des membres du gouvernement.»

Du travail d’équipe

Le recteur effectue environ 400 allocutions publiques par année. Le matin où nous l’avons suivi, il a répété le discours de l’allocution annuelle devant l’assemblée universitaire, où il fait l’état des lieux de l’Université. C’est la plus officielle des allocutions. «On peut pas mettre une blague?, demande Guy Breton à un des rédacteurs du discours. Il faut qu’au moins une fois par jour on puisse rire. Il faut avoir du fun

Si trois personnes des communications sont présentes aux côtés de M. Breton tout au long de la journée de l’allocution, ce n’est pas le cas habituellement. «L’équipe rapprochée, c’est juste quatre personnes », note-t-il Une des plus importantes est le directeur du cabinet, Jean Renaud, qui explique que son rôle est souvent d’éteindre les feux pour M. Breton. «Je suis un peu le gardien de but du recteur, affirme-t-il. Le recteur est toujours visé pour tous les problèmes de l’Université, alors mon rôle est de trouver qui peut être imputable avant que cela ne se rende au recteur.»

Guy Breton signe des dizaines de documents par jour. (crédit Photo : Pascal Dumont)

Guy Breton signe des dizaines de documents par jour. (crédit Photo : Pascal Dumont)

Vers midi, la responsable de l’agenda du recteur, Nathalie Lecoq, entre dans son bureau «Il ne faudrait pas oublier de manger un petit quelque chose », rappelle-t-elle. Le recteur se dirige vers un point de service de la cafétéria situé au pavillon Roger-Gaudry. Le recteur engage la conversation avec un professeur alors qu’il fait la file pour son sandwich au fromage et son Pepsi diète. «Venir ici me donne l’occasion de voir du monde, souligne-t- il. La chose dont je manque le plus, c’est du temps. Je dîne habituellement en cinq minutes sur le coin de la table de mon bureau.»

Après avoir prononcé son allocution devant l’assemblée universitaire, le recteur profite de la pause pour aller signer des papiers officiels et discuter avec les membres de la communauté afin de jouer son rôle d’entremetteur. «La semaine dernière, lors d’une visite, j’ai rencontré le chef d’orchestre de McGill, dit-il. Je vais donc le mettre en contact avec la doyenne de la Faculté de musique pour voir si un projet qui combine nos deux orchestres peut naître.»

Le recteur fait la file comme tout le monde. (crédit photo : Pascal Dumont)

Le recteur fait la file comme tout le monde. (crédit photo : Pascal Dumont)

 

La journée tire à sa fin et M. Breton s’apprête à regagner son domicile. Il indique qu’il est très difficile de savoir à quelle heure se terminent ses journées en général. «Ma femme dit souvent à la blague que l’Université est ma résidence principale », ironise-t-il. Cette soirée-là, aucune activité protocolaire n’a lieu. Selon lui, les activités protocolaires et la philanthropie représentent environ le quart de son travail. « La semaine dernière, je n’ai pas soupé une seule fois chez moi, mais c’est exceptionnel, explique le recteur. Normalement, j’ai deux à trois soirs occupés par semaine. »

D’abord formé en radiologie à McGill, Guy Breton a occupé les postes de vice-doyen de la Faculté de médecine de l’UdeM avant de devenir vice-recteur exécutif en 2006. Depuis qu’il est recteur, il a cessé de pratiquer la radiologie à l’Hôpital Saint-Luc.

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