Schématiser pour mémoriser

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Par Karina Sanchez
mercredi 9 avril 2014
Schématiser pour mémoriser
Illustration: Navid Moghaddam
Illustration: Navid Moghaddam

Retenir l’ensemble des informations d’un cours représente un défi de taille, surtout en fin de session. Quand il s’agit de trois ou quatre matières, la tâche peut s’avérer difficile. Si la mémoire permet de mieux emmagasiner les données, elle est plus efficace si l’étudiant procède par associations d’idées. Lire ses notes ne suffit pas.

«J’assimile mieux la matière quand je fais des liens avec des anecdotes racontées en classe», avance Elizabeth C. Tran, étudiante à l’École du Barreau. Faire des associations avec les notions vues en classe permet d’optimiser la première étape de la mémoire.

La mémoire à long terme fonctionne en trois grandes étapes : l’encodage, le stockage et la récupération d’informations. L’encodage est le processus qui permet au cerveau d’enregistrer l’information. Le stockage est, quant à lui, responsable de conserver les informations en mémoire. Une fois les renseignements enregistrés et maintenus en mémoire, il convient d’aller les chercher. Pour avoir accès à un événement stocké dans la mémoire à long terme, le cerveau a recours au processus de récupération.

Le stockage est une étape moins connue. Elle a été la moins testée d’un point de vue scientifique selon le chercheur postdoctoral au centre de recherche de l’Institut de gériatrie de Montréal Guillaume Vallet. Pour maximiser l’étape de l’encodage, faire des liens est essentiel. «On donne plus de profondeur à l’encodage quand on donne un sens à ce qu’on apprend et quand on fait des liens avec ce que l’on connaît», note-t-il.

Se projeter pour mieux enregistrer

Visualiser et revoir le déroulement de la classe dans sa tête au moment où les concepts-clés étaient enseignés est encouragé par le chercheur. Des moments particuliers vécus en classe servent aussi de marqueurs pour la mémoire. «Chercher à se souvenir du commentaire qu’a fait notre voisin de classe ou de la blague lancée à ce moment précis favorise la mémoire », déclare-t-il. Pour lui, mieux se repérer pour mieux se souvenir est le mot d’ordre. Il met en relief par exemple que le fait de toujours s’asseoir à la même place ou de porter un chandail qu’on a coutume de mettre en classe pendant les examens peut renforcer la mémoire. «C’est l’effet physio-temporel, avance M. Vallet.

Reproduire le même contexte et la même position dans l’espace aide.»

Instaurer de l’ordre face à l’information qui abonde dans les cours est un autre comportement à adopter. Relire ses notes, ses diapositives et ses textes de cours est peu efficace pour s’aligner avec le processus de récupération de la mémoire. L’utilisation de la schématisation est efficace. «Il faut hiérarchiser les informations pour mieux assimiler la matière, explique la psychologue en aide à l’apprentissage au Centre étudiant de soutien à la réussite de l’UdeM (CÉSAR) Josée Sabourin. La mémoire fonctionne par hiérarchie.»

Les informations doivent être regroupées sous un thème général pour ensuite se déconstruire en sous-thèmes, en concepts et, finalement, en exemples. Raisonner de cette façon peut alléger la charge de travail. Il suffit de schématiser la matière, à la façon de grappes ou d’un graphique arborescent. «C’est environ dix concepts centraux qu’on revoit par cours à la fin d’une session, estime Mme Sabourin. On mémorise davantage la matière avec des dessins et des tableaux. Notre cerveau garde une photographie de cette image dans la tête.»

Utiliser des images et des couleurs à la manière d’un mind-mapping ou d’une carte cognitive permet de mieux situer une information. «On se souvient du schéma de telle information parce qu’elle était de telle couleur ou qu’elle se trouvait à côté de l’élément en vert », assure M. Vallet.

Les exemples sont également des indices particulièrement importants. Ils favorisent les déclics dans la mémoire, car ils évoquent des situations concrètes. «Plus on s’approche de l’action, plus on mémorise l’information», précise Mme Sabourin.

L’étudiante en droit à l’UdeM Fannie Tremblay utilise ses mémoires auditive et visuelle pour retenir ses leçons. « Je me regarde dans le miroir et je récite tout haut mes notes, avance-t-elle. Je rends l’exercice divertissant. Je me regarde aller, je parle et je m’entends. Cette façon d’étudier m’a souvent aidée pour mes examens.»

Stress bénéfique

Ne pas attendre la dernière minute pour étudier est un savoir répandu. «Emmagasiner trop d’informations en un court laps de temps épuise, signale Mme Sabourin. Cela génère beaucoup de stress et réduit l’assimilation des notions. On oublie aussi plus rapidement. Mémoriser requiert beaucoup d’énergie.»

Cependant, le stress rend le cerveau plus alerte, notamment dans les situations risquées ou d’urgence. «Le stress empêche d’être distrait par ce qui se passe autour de nous, explique la psychologue en aide à l’apprentissage au CÉSAR. Ne pas vivre de stress du tout peut amener à être moins appliqué dans ce qu’on fait. Le stress aide à mieux focaliser, et vivre un stress faible ou moyen, c’est bien.»

Ponctuer les périodes d’étude de pauses est une méthode à privilégier. L’étudiant doit adopter une attitude semblable à celle qu’il adopterait lors d’un entraînement à la course. «L’exercice de la course se fait par intervalles, illustre Mme Sabourin. Trente minutes de course pour cinq minutes de marche.» Dans un même ordre d’idées, les pauses sont bénéfiques pour stimuler un regain d’énergie et pour éviter une saturation d’informations.