Repenser l’orientation scolaire

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Par Félix Raulet
mercredi 18 septembre 2019
Repenser l’orientation scolaire
La conseillère d’orientation à l’UdeM et coordinatrice des services d’orientation et d’information scolaire, Marie-Claude Bossé, estime que déterminer le sens d'un projet universitaire mérite une réflexion approfondie. Photo : Jacob Côté
La conseillère d’orientation à l’UdeM et coordinatrice des services d’orientation et d’information scolaire, Marie-Claude Bossé, estime que déterminer le sens d'un projet universitaire mérite une réflexion approfondie. Photo : Jacob Côté
L’UdeM a lancé fin août la plateforme Affiniti, un nouvel outil d’orientation pour les étudiants. L’indécision quant au choix des études est source de stress et d’incertitude. Les parcours universitaires doivent s’adapter à une société et à un marché du travail qui changent. À défaut de trouver leur voie, les étudiants doivent maintenant la tracer.

La plateforme Affiniti

Prolongation de Cursus, un autre outil d’orientation sous forme de test*, le programme Affiniti aide les futurs étudiants à trouver le programme qui leur correspond. « Affiniti a déjà aidé plus de 4 000 utilisateurs depuis le 1er août 2019 », affirme la directrice générale du Service de l’admission et du recrutement de l’UdeM, Michèle Glémaud. « Nous voulons que chaque étudiant trouve un programme d’études à la hauteur de ses attentes et que tous puissent y déployer leurs talents », ajoute-t-elle.

Affiniti est donc une première étape dans le processus d’orientation. « C’est un outil d’exploration », explique Mme Glémaud.

Conseillère d’orientation à l’UdeM depuis dix-huit ans, Marie-Claude Bossé partage cet avis. « Affiniti, c’est un outil d’exploration des champs d’intérêt qui aide à faire du tri, une amorce de réflexion, considère-t-elle. C’est un bon point de départ. »

Des étudiants indécis

Pour l’étudiante au baccalauréat en communication et politique à l’UdeM, Juliette Levien, ces choix d’avenir arrivent beaucoup trop vite. « On nous demande de choisir beaucoup trop tôt, regrette-t-elle. C’est difficile de choisir un parcours que tu es supposé suivre pendant un moment. »

Opter pour un programme a été difficile pour l’étudiante en littérature Eléonore Caron. « Il y a tous ces choix possibles, je ne sais pas comment m’orienter là-dedans », révèle-t-elle. Une fois la décision prise, ses doutes ne se sont pas atténués, et le manque de débouchés pèse lourd sur l’étudiante. « Si je change tout le temps de programme, c’est parce que je suis dans un bac en littérature, et avec cette formation, qu’est-ce que tu peux faire ? » s’interroge-t-elle.

Pour les deux étudiantes, qui ont enchaîné plusieurs parcours universitaires, la sensation d’être en retard dans leur cheminement d’études est une obsession. « Le stress, c’est que je n’ai pas envie de faire mon bac en huit ans », explique Eléonore. Toutes deux partagent une autre peur, celle de ne pas aimer ce qu’elles font. « J’ai peur de ne pas aimer certaines choses de mon programme et de vouloir changer, mais pas forcément pour les bonnes raisons, avoue Eléonore. Théoriquement, que les cours soient intéressants ou pas, tu restes dans ton programme si la carrière après t’intéresse, c’est un mal à prendre. »

L’idée de persévérance est aussi présente chez Juliette. « Je sais que certaines matières ne vont pas me plaire, notamment une, concède l’étudiante. Même si je ne l’aime pas, je pense que si elle est proposée, c’est qu’elle est assez importante, et qu’il faut s’investir dedans, sinon tu ne t’en sors pas et tu coules. »

Recommencer

Malgré cette impression de retard et cette incertitude quant à l’avenir, Juliette soutient que le fait de recommencer à zéro est positif. Elle a appris à accepter qu’à l’inverse des autres, son parcours sera sinueux. « Finir tardivement mes études ou me reconvertir plus tard ne me pose pas de problèmes, avoue-t-elle à demi-mot. Aujourd’hui, les gens se réorientent, changent complètement de métier et je pense que cela devient un peu la nouvelle mode. »

Selon Mme Bossé recommencer n’est plus une fatalité , on souscrit de moins en moins aux voies toutes tracées. « On est plutôt dans la perspective de « construire sa voie » que dans celle de « trouver sa voie », comme on le pensait avant. », constate-t-elle. Sa collègue, Angélique Desgroseilliers, également conseillère d’orientation, explique que cela demande une autre approche avec l’étudiant. « Quand on reçoit des étudiants dans nos bureaux, on essaye de voir ce qu’ils ont acquis en cours de route, raconte-t-elle. Au-delà de l’impression de la perte de temps, on essaye de voir ce que l’étudiant a retenu. »

Des changements sociétaux

Mme Bossé explique que si le processus d’orientation et les parcours universitaires ont changé, c’est parce que la société elle-même s’est transformée. « Il y a quelque chose qui a changé au niveau de la société, au niveau du marché du travail, ça bouge constamment, informe Mme Bossé. Il est certain que ça demande aux jeunes qui arrivent à l’université d’avoir une autre perspective. »

La question du choix d’études est difficile, et trouver une réponse l’est également. Que le parcours universitaire que l’étudiant emprunte soit linéaire ou non, la conseillère d’orientation, Angélique Desgroseilliers, rappelle que l’indecision fait partie intégrante du processus d’orientation.

* Le test Cursus est un outil en ligne mis a disposition par l’UdeM. L’étudiant doit répondre à des questions qui touchent à sa personnalité pour déterminér ses centres d’intérêts, et les types de programmes qui correspondent à son profil.